Père Henri Boulad : le « J’accuse » du prêtre égyptien
Père
Henri Boulad : « J’accuse ! »
Après les abominables attentats survenus en Égypte le dimanche
des Rameaux, et que Père Henri Boulad avait commenté dans une magnifique et
profonde homélie le jour même, ce
dernier y revient et approfondit sa réflexion dans un sévère « J’accuse ! » qui
fera date… À lire et à partager !
« J’accuse l’Islam
d’être la cause de cette barbarie et de tous les actes de violence commis au
nom de la foi musulmane.
Je
n’accuse pas seulement les terroristes, ni le terrorisme. Je n’accuse pas
uniquement les Frères Musulmans ni la nébuleuse de groupuscules qui gravitent
autour de cette confrérie jihadiste, violente et totalitaire. Je n’accuse pas
exclusivement l’islamisme, ou l’islam politique et radical.
J’accuse tout
simplement l’islam qui, par nature, est à la fois politique et radical.
Comme je
l’avais déjà écrit il y a plus de vingt-cinq ans, l’islamisme c’est l’islam à
découvert, dans toute sa logique et sa rigueur. Il est présent dans l’Islam
comme le poussin dans l’œuf, comme le fruit dans la fleur, comme l’arbre dans
la graine. Il est porteur d’un projet de société visant à établir un califat
mondial fondé sur la charia, seule loi légitime, parce que divine. Il s’agit là
d’un projet global et globalisant, total, totalisant, totalitaire.
L’Islam se veut à la fois religion, État et
société, dîn wa dawla. C’est ainsi qu’il a été depuis ses plus
lointaines origines.
Avec le passage de la Mecque à Médine (l’Hégire) l’Islam passe
du statut de religion à celui d’État théocratique. C’est aussi le moment où
Mahomet cesse d’être simple chef religieux pour devenir chef de guerre, chef
d’État et leader politique. Religion et politique seront désormais
indissolublement liés : « L’Islam est politique ou n’est rien »
(Imam Rouhollah Khomeiny).
J’accuse de
mensonge délibéré ceux qui prétendent que les atrocités commises par des
musulmans « n’ont
rien à voir avec l’islam ». Or, c’est bien au nom du Coran et
de ses injonctions claires que ces crimes sont perpétrés. Le seul fait que
l’appel à la prière et l’incitation au meurtre des infidèles soient précédés du
même cri, Allah-ou
akbar (Dieu est le plus grand) est hautement significatif.
J’accuse les
érudits musulmans du Xe siècle d’avoir promulgué des décrets – devenus
irréversibles – menant l’islam dans l’impasse d’aujourd’hui.
Le premier de ces décrets – celui de l’abrogeant et de l’abrogé –
a consisté à donner la primauté aux versets médinois, porteurs de violence et
d’intolérance, au détriment des versets mecquois invitant à la paix et à la
concorde.
Pour rendre ce verdict irréversible, deux autres décrets furent
promulgués : celui de déclarer le Coran « parole incréée
d’Allah », donc immuable ; et celui d’interdire tout effort ultérieur
d’interprétation en déclarant « la porte de l’ijtihad [effort de
réflexion] définitivement close ». La sacralisation de ces décisions a
fossilisé la pensée musulmane et contribué à maintenir les pays islamiques dans
un état d’arriération et de stagnation chronique.
J’accuse l’islam
de s’être enferré dans un dogmatisme dont il ne parvient pas à sortir. Pris à
son propre piège de ressentiments, il rend toute l’humanité responsable de ses
propres échecs dans une entreprise de victimisation, et d’autojustification.
J’accuse l’Azhar,
censé incarner l’islam modéré, de nourrir un esprit de fanatisme, d’intolérance
et de haine chez des millions d’étudiants et d’imams venant du monde entier se
former auprès de ses institutions. Il devient ainsi une des sources principales
de terrorisme dans le monde.
J’accuse l’Azhar
pour son refus systématique de réformer ses programmes et ses manuels scolaires
et universitaires. Malgré les demandes réitérées du Président égyptien al-Sissi
d’en supprimer tous les textes incitant à la haine, à la violence et à la
discrimination, rien n’a encore été entrepris.
J’accuse l’Azhar
pour son refus de condamner l’État islamique/Daesh et l’islamisme
salafiste/wahhabite, preuve d’une véritable proximité avec le terrorisme.
J’accuse le
grand imam d’el-Azhar, le cheikh Ahmed el-Tayeb, malgré plusieurs années
d’études à Paris et une thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne, de persister
à s’en tenir au courant obscurantiste et moyenâgeux. Alors qu’on attendait de
sa part la promotion d’une pensée innovante dans cette vénérable institution,
il a au contraire rétabli les textes incitant à la violence et à l’intolérance
dans les manuels scolaires et universitaires des institutions d’el-Azhar,
pourtant écartés par son prédécesseur le cheikh Mohammed Tantaoui.
J’accuse l’Azhar
de ne pas faire appel aux « nouveaux penseurs musulmans » d’Orient et
d’Occident afin d’amorcer avec eux une réforme en profondeur de l’islam.
J’accuse de
grandes nations occidentales qui tout en prétendant défendre les valeurs de
liberté, de démocratie et de droits de l’homme collaborent activement avec un
islam fondamentaliste pour des intérêts bassement économiques et financiers.
J’accuse l’Occident
d’avoir inventé avec les islamistes la notion mensongère d’islamophobie pour
faire taire toute critique à l’égard de l’islam.
J’accuse certains
dirigeants européens de céder aux revendications liberticides d’un islam de
plus en plus exigeant et agressif, dont le but clairement proclamé est la
conquête pure et simple de l’Occident. Ces dirigeants trahissent ainsi leurs
peuples et bradent leur héritage historique. Au nom d’une idéologie
multiculturaliste, d’un mondialisme sauvage et d’une ouverture tous azimuts,
ils contribuent à l’effondrement d’un passé prestigieux de culture et de
civilisation.
J’accuse le
laxisme d’une certaine gauche libérale incapable en France d’imposer les lois
de la République à une minorité refusant toute intégration. Les dirigeants,
vendus par intérêt électoral à des banlieues explosives, ont participé à la
dégradation sociale des « quartiers perdus de la République » au nom
d’une « paix civile » qui n’est que capitulation de l’État.
J’accuse l’Église
catholique de poursuivre avec l’Islam un ‟dialogue” fondé sur la complaisance,
les compromissions et la duplicité. Après plus de cinquante années
d’initiatives à sens unique, un tel monologue est aujourd’hui au point mort. En
cédant au « politiquement correct » et sous prétexte de ne pas
froisser l’interlocuteur musulman au nom du « vivre ensemble », on
évite soigneusement les questions épineuses et vitales. Tout vrai dialogue
commence par la vérité.
J’accuse les
grands médias de manipulation et de mensonge en faisant une lecture biaisée des
réalités, en avançant des chiffres tendancieux, des statistiques faussées et
des “sondages” truqués. Cette désinformation systématique foule au pied la
déontologie et l’éthique les plus élémentaires au profit des grands groupes
financiers qui les subventionnent et dictent leurs lignes éditoriales.
Plutôt que de s’indigner d’actes terroristes de plus en plus
fréquents, il est grand temps de faire face à la réalité réelle et
d’oser la parole vraie.
Il est
grand temps de reconsidérer le problème de l’islam sans détours, sans peur et
sans complaisance. La langue de bois et le relativisme ne mènent qu’au pire.
Les États occidentaux ont l’obligation légale et morale de préserver leur
intégrité territoriale, leur mode de vie, leur culture et leurs valeurs face à
un islam conquérant et foncièrement hostile à la civilisation occidentale.
Que les
musulmans qui ne se reconnaissent pas dans ce déchaînement de haine et de
violence soient confrontés sans déni ni faux-fuyants à eux-mêmes, à leurs
textes fondateurs et à leur histoire ainsi qu’à leur tragique situation
aujourd’hui dans le monde. Plutôt que de chercher à promouvoir un dialogue
entre l’islam et le christianisme, ou entre l’islam et l’Occident, il est
urgent de promouvoir un dialogue et des réformes intra-islamiques. Que les
musulmans reconnaissent enfin que leur problème est endogène, et qu’ils aient
le courage de l’aborder en toute lucidité et humilité en cessant de se voiler
la face.
Il est grand temps de dépasser les clivages de gauche et de
droite, de progressiste et de conservateur, de socialiste et de démocrate, de
républicain et de libéral, de judéo-chrétien et de musulman, pour trouver entre
tous les humains une base commune de valeurs et de principes. Or, je n’en
connais point d’autre que la Charte universelle des Droits de l’Homme proclamée
par l’ONU en 1948, que tous les pays arabes et musulmans ont refusé de signer
dans son intégralité.
Il est grand temps de placer l’Homme au
cœur du débat dans une recherche commune de vérité. Car « si vérité et amitié nous
sont également chères, c’est un devoir sacré d’accorder la préférence à la
vérité » (Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 4, 1096 a
13).
Seule une vraie confrontation au réel permettrait qu’ « amour et vérité se
rencontrent… que justice et paix s’embrassent » (Psaume 85,
11). »
Source : © Henri Boulad,
S.J., Alexandrie, dimanche de Pâques, 16 avril 2017. (Texte relu et révisé par
François Sweydan pour Dreuz.info).
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