Livre de Louis Chagnon : la conquête musulmane de l'Egypte
La conquête musulmane de l'Egypte (639-646)
de Louis Chagnon
Cet ouvrage soumet à la sagacité des lecteurs une histoire de la conquête de l'Egypte par les musulmans, au vile siècle. L'Egypte fut un pays stratégiquement de très grande importance pour Constantinople et le premier pays non arabe à tomber intégralement dans l'escarcelle musulmane. Sa conquête est traditionnellement présentée comme facile et rapide, grâce à la collaboration qu'auraient apportée certains chrétiens (les monophysites) aux conquérants musulmans. Louis Chagnon, en se basant sur les sources historiques chrétiennes et musulmanes, compare les faits à cette présentation et son analyse, à la lumière des documents, démontre que celle-ci est loin de la vérité ; il présente les organisations politiques et les armées en présence, reconstitue les batailles, suit les succès et les revers de la résistance égyptienne pendant cette longue guerre ponctuée de massacres et de désolations ; il prend clairement parti à propos des controverses historiques sur les sujets évoqués.
Biographie de l'auteur
Louis Chagnon est professeur d'histoire, il a été chargé de recherche au Service Historique de l'Armée de l'Air de 2003 à 2005 et travaille depuis 2005 au Service Historique de la Défense. Depuis plusieurs années, il se penche sur l'étude des conquêtes musulmanes, principalement sous les quatre premiers califes. Il est déjà l'auteur d'un livre qui présente une introduction sur les débuts des conquêtes arabo-musulmanes, aux éditions Godefroy de Bouillon.
Editeur : Economica (1 septembre 2008)
Interview de Louis Chagnon à écouter :
http://lumiere101.com/2008/11/26/la-conquete-musulmane-de-legypte/
La conquête musulmane de l’Égypte
→ Thèmes : Histoire
Jean-Luc de Carbuccia reçoit Louis Chagnon professeur d’Histoire à propos de son livre La conquête musulmane de l’Égypte, accomplie en 6 années (639-646) au cours du VIIe siècle et qui dure encore.Division politique et affaiblissement de l’Empire du fait des guerres contre les Perses. Forte motivation arabe liée au butin
Un moine chez les musulmans
Lettre de Charles de Foucauld à René Bazin
"Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?"
Charles de Foucauld
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Cette lettre, adressée par le Père Charles de Foucauld à René Bazin, de l'Académie française, est parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917.
Elle a été publiée sur le site de la Fondation de service politique, à l’occasion de la béatification du Père de Foucauld par le pape Benoît XVI, le 13 novembre 2005, à Rome.
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JESUS CARITAS,
Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie, 29 juillet 1916.
Monsieur,
Je vous remercie infiniment d'avoir bien voulu répondre à ma lettre, au milieu de tant de travaux, et si fraternellement. Je pourrais, m'écrivez-vous, vous dire utilement la vie du missionnaire parmi les populations musulmanes, mon sentiment sur ce qu'on peut attendre d'une politique qui ne cherche pas à convertir les musulmans par l'exemple et par l'éducation et qui par conséquent maintient le mahométisme, enfin des conversations avec des personnages du désert sur les affaires d'Europe et sur la guerre.
Vie du missionnaire parmi les populations musulmanes
(...) Les missionnaires isolés comme moi sont fort rares. Leur rôle est de préparer la voie, en sorte que les missions qui les remplaceront trouvent une population amie et confiante, des âmes quelque peu préparées au christianisme, et, si faire se peut, quelques chrétiens. (...) Il faut nous faire accepter des musulmans, devenir pour eux l'ami sûr, à qui on va quand on est dans le doute ou la peine, sur l'affection, la sagesse et la justice duquel on compte absolument. Ce n'est que quand on est arrivé là qu'on peut arriver à faire du bien à leurs âmes. Inspirer une confiance absolue en notre véracité, en la droiture de notre caractère, et en notre instruction supérieure, donner une idée de notre religion par notre bonté et nos vertus, être en relations affectueuses avec autant d'âmes qu'on le peut, musulmanes ou chrétiennes, indigènes ou françaises, c'est notre premier devoir : ce n'est qu'après l'avoir bien rempli, assez longtemps, qu'on peut faire du bien. Ma vie consiste donc à être le plus possible en relation avec ce qui m'entoure et à rendre tous les services que je peux. À mesure que l'intimité s'établit, je parle, toujours ou presque toujours en tête à tête, du bon Dieu, brièvement, donnant à chacun ce qu'il peut porter, fuite du péché, acte d'amour parfait, acte de contrition parfaite, les deux grands commandements de l'amour de Dieu et du prochain, examen de conscience, méditation des fins dernières, à la vue de la créature penser à Dieu, etc., donnant à chacun selon ses forces et avançant lentement, prudemment. Il y a fort peu de missionnaires isolés faisant cet office de défricheur ; je voudrais qu'il y en eût beaucoup : tout curé d'Algérie, de Tunisie ou du Maroc, tout aumônier militaire, tout pieux catholique laïc (à l'exemple de Priscille et d'Aquila), pourrait l'être. Le gouvernement interdit au clergé séculier de faire de la propagande anti-musulmane ; mais il s'agit de propagande ouverte et plus ou moins bruyante : les relations amicales avec beaucoup d'indigènes, tendant à amener lentement, doucement, silencieusement, les musulmans à se rapprocher des chrétiens devenus leurs amis, ne peuvent être interdites par personne. Tout curé de nos colonies, pourrait s'efforcer de former beaucoup de ses paroissiens et paroissiennes à être des Priscille et des Aquila. Il y a toute une propagande tendre et discrète à faire auprès des indigènes infidèles, propagande qui veut avant tout de la bonté, de l'amour et de la prudence, comme quand nous voulons ramener à Dieu un parent qui a perdu la foi...
Espérons qu'après la victoire nos colonies prendront un nouvel essor. Quelle belle mission pour nos cadets de France, d'aller coloniser dans les territoires africains de la mère patrie, non pour s'y enrichir, mais pour y faire aimer la France, y rendre les âmes françaises et surtout leur procurer le salut éternel, étant avant tout des Priscille et des Aquila !
Comment franciser les peuples de notre empire africain
Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle. Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.
L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.
Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force, mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du Medhi, il n'y en a pas : tout musulman (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi) croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non-musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l'engage à subir avec calme son épreuve ; "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération", disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles, mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du Medhi...
Les Kabyles
Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que notre race reste pure. Pourtant je me réjouis de voir beaucoup de Kabyles travailler en France ; cela semble peu dangereux pour notre race, car la presque totalité des Kabyles, amoureux de leur pays, ne veulent que faire un pécule et regagner leurs montagnes.
Si le contact de bons chrétiens établis en Kabylie est propre à convertir et à franciser les Kabyles, combien plus la vie prolongée au milieu des chrétiens de France est-elle capable de produire cet effet !
(...) Si la race berbère nous a donné sainte Monique et en partie saint Augustin, voilà qui est bien rassurant. N'empêche que les Kabyles ne sont pas aujourd'hui ce qu'étaient leurs ancêtres du IVe siècle : leurs hommes ne sont pas ce que nous voulons pour nos filles ; leurs filles ne sont pas capables de faire les bonnes mères de famille que nous voulons.
Pour que les Kabyles deviennent français, il faudra pourtant que des mariages deviennent possibles entre eux et nous : le christianisme seul, en donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes sentiments, arrivera, avec le temps, à combler en partie l'abîme qui existe maintenant.
En me recommandant fraternellement à vos prières, ainsi que nos Touaregs, et en vous remerciant encore de votre lettre, je vous prie d'agréer l'expression de mon religieux et respectueux dévouement.
Votre humble serviteur dans le Cœur de Jésus.
Charles de Foucauld
Alain Besançon et le silence de Benoit XVI sur l'islam
ECL508
Benoît XVI devant les trois tentations de l’Eglise
Avec Alain Besançon et le père Iborra
En 1996, Alain Besançon publiait un essai capital intitulé Trois tentations dans l’Eglise (réédité chez Perrin). Alors que le voyage du pape Benoît XVI à Paris et à Lourdes fut pour beaucoup de Français une révélation de la véritable personnalité du pontife, Christophe Dickès a demandé à Alain Besançon de replacer le pontificat de l’ancien cardinal Ratzinger en face de ces "trois tentations". Pour sa part, le père Iborra, traducteur du livre d’Aidan Nichols La pensée de Benoît XVI (Editions Ad Solem), éclaire le parcours intellectuel de l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Pour lire les ouvrages du Père Moussali, dont parle Alain Besançon :
Ce texte du Père Moussali
http://pagesperso-orange.fr/frat.st.paul/AntoineMoussali.pdf
Son ouvrage : http://jesusmarie.free.fr/islam.html
Antoine MOUSSALI
La Croix et le croissant
Antoine MOUSSALI, La Croix et le croissant, Paris, Éditions de Paris, 1998, 116 p.
“La vérité vous libérera” dit le Christ (Jn, 8, 32). Comme dans toute parole, point de dialogue en dehors de la vérité. Or le dialogue suppose une attitude de bienveillance et un regard de charité porté sur l’autre, en même temps qu’une recherche – d’une “patience géologique” – de la vérité dont cet autre est porteur. Jamais il n’y eut autant de rencontres, sessions, colloques et autres séminaires comme durant les deux dernières décennies, où tout le monde était porté par un optimisme irrépressible et une égale impatience boulimique du dialogue. Progressivement les débordements sont devenus inévitables : bienveillance devenait complaisance et recherche de la vérité se muait en compromission. Cela a donné lieu à des dérives inoubliables, telle la rencontre islamo-chrétienne de Tripoli, en Libye, en 1974 – dont le Secrétariat pour les relations avec l’islam (S.R.I.) était l’initiateur –, où le président Kadhafi a infligé aux participants un discours de trois heures pour exhorter les chrétiens à une nécessaire conversion à l’islam libérateur. Il a fallu attendre l’encyclique Redemptoris missio, en 1990, pour avoir des précisions nécessaires sur le contour du “dialogue” et de l’“annonce”: “si les deux sont liés, ils ne sont pas interchangeables pour autant”.
C’est dans ce contexte que se situe l’ouvrage d’A. Moussali et c’est dans la logique même du dialogue qu’il faut le placer. Son intention est d’apporter quelques éléments de réponse pour élucider une question récurrente : chrétiens et musulmans, sommes-nous semblables, dissemblables, comparables ? Que signifient des termes comme “monothéisme”, “révélation”, “christologie”, “Abraham”, “prophétie”, etc. ?
Selon sa méthode comparatiste, l’A. aborde les différents termes avec un triple objectif : regarder la réalité en face, telle qu’elle est ; expliquer aux catholiques ce qu’est l’islam ; et enfin reprendre l’éducation des chrétiens dans leur propre foi, afin qu’ils soient en mesure de la défendre et de se prémunir contre la tentation de la conversion – sentimentale ou sectaire – à l’islam. À un exposé impartial de la religion musulmane l’auteur combine une catéchèse très sûre de la religion chrétienne. L’objectif du livre est tel que l’on oubliera volontiers quelques lacunes et imprécisions dans le texte.
On emploie couramment, et presque machinalement, dans le milieu catholique et même dans des homélies, des expressions comme “les trois monothéismes”, “les trois religions révélées”, “les trois religions abrahamiques”, voire “les trois religions du Livre”. Cette dernière expression – musulmane ! – a un sens entièrement différent de ce que supposent les chrétiens qui l’emploient. L’auteur montre combien ces expressions sont insoutenables et même particulièrement scandaleuses quand elles sont de la part de catholiques. Si un jour nous les voyons disparaître du discours chrétien courant ce sera le signe que le Père A. Moussali n’aura pas travaillé en vain : il nous plaît d’emprunter cette dernière pensée à Alain Besançon, de l’Institut, qui, avec encore quelques rares intellectuels, a compris la gravité des enjeux depuis que le dialogue est devenu une pratique en vogue.
M.-Th. URVOY
(Exemplaire du BLE Tome CIII n° 4 Octobre - Décembre 2002)
Delcambre sur France-culture le 14 octobre
Jacques Heers : l'histoire assassassinée
Nouvelle Revue d’Histoire, n° 1, juillet-août 2002
A en croire nos manuels, ceux d’hier et plus encore ceux d’aujourd’hui, l’héritage de la Grèce et de Rome fut complètement ignoré dans notre monde occidental, de la chute de l’empire romain et du développement du christianisme jusqu’à la «Renaissance» : nuit du Moyen Âge, mille ans d’obscurantisme !
Et d’affirmer, du même coup, que les auteurs de l’Antiquité ne furent connus que par l’intermédiaire des Arabes, traducteurs appliqués, seuls intéressés, seuls capables d’exploiter et de transmettre cette culture que nos clercs méprisaient.
Parler d’«Arabes» est déjà une erreur. Dans les pays d’islam, les Arabes, lettrés et traducteurs, furent certainement bien moins nombreux que les Persans, les Egyptiens et les chrétiens de Syrie et d’Irak. La plupart des textes grecs ont d’abord été traduits en langue syriaque, parler araméen de la ville d’Edesse, qui a largement survécu à l’islam et ne disparaît qu’au XIIIe siècle. Au temps d’al Ma’mum, septième calife abbasside (813-833), Hunan ibn Isbak, le plus célèbre des hellénistes, hôte privilégié de la Maison de la Sagesse à Bagdad, était un chrétien. Il a longtemps parcouru l’Asie Mineure pour y recueillir des manuscrits grecs, qu’il traduisait ou faisait traduire sous sa direction. Nos livres parlent volontiers des savants et traducteurs de Tolède, qui, au temps des califes de Cordoue, auraient étudié et fait connaître les auteurs anciens. Mais ils oublient de rappeler que cette ville épiscopale - comme plusieurs autres et nombre de monastères - était déjà, sous les rois barbares, bien avant l’occupation musulmane, un grand foyer de vie intellectuelle toute pénétrée de culture antique. Les clercs, demeurés chrétiens, très conscients de l’importance de transmettre cet héritage, ont tout simplement poursuivi leurs travaux sous de nouveaux maîtres.
On veut nous faire croire aux pires sottises et l’on nous montre des moines, copistes ignares, occupés à ne retranscrire que des textes sacrés, acharnés à jeter au feu de précieux manuscrits auxquels ils ne pouvaient rien comprendre. Pourtant, aucun témoin, aux temps obscurs du Moyen Age, n’a jamais vu une bibliothèque livrée aux flammes et nombreux sont ceux qui, au contraire, parlent de monastères rassemblant d’importants fonds de textes anciens. Il est clair que les grands centres d’études grecques ne se situaient nullement en terre d’islam, mais à Byzance. Constantin Porphyrogénète, empereur (913-951), s’est entouré d’un cercle de savants, encyclopédistes et humanistes ; les fresques des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Le patriarche Photius (mort en 895) inaugurait, dans son premier ouvrage, le Myriobiblion, une longue suite d’analyses et d’exégèses d’auteurs anciens. Michel Psellos (mort en 1078) commentait Platon et tentait d’associer le christianisme à la pensée grecque. Nulle trace dans l’Église, ni en Orient ni en Occident, d’un quelconque fanatisme, alors que les musulmans eux-mêmes rapportent nombre d’exemples de la fureur de leurs théologiens, et de leurs chefs religieux contre les études profanes. Al-Hakim, calife fatimide du Caire (996-1021), interdisait les bijoux aux femmes, aux hommes, les échecs, et aux étudiants, les livres païens. A la même date, en Espagne, al-Mansour, pour gagner l’appui des théologiens (musulmans), fit brûler par milliers les manuscrits grecs et romains de la grande bibliothèque de Cordoue. L’Occident chrétien n’a connu aucune crise de vertu de ce genre.
Les « Arabes » ont certainement moins recherché et étudié les auteurs grecs et romains que les chrétiens. Ceux d’Occident n’avaient nul besoin de leur aide, ayant, bien sûr, à leur disposition, dans leurs pays, des fonds de textes anciens, latins et grecs, recueillis du temps de l’empire romain et laissés en place. De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. Les pèlerinages en Terre sainte, les conciles œcuméniques, les voyages des prélats à Constantinople maintenaient et renforçaient toutes sortes de liens intellectuels. Dans l’Espagne des Wisigoths, les monastères (Dumio près de Braga, Agaliense près de Tolède, Caulanium près de Mérida), les écoles épiscopales (Séville, Tarragone, Tolède), les rois et les nobles, recueillaient des livres anciens pour leurs bibliothèques. Ce pays d’Ibérie servait de relais sur la route de mer vers l’Armorique et vers l’Irlande, où les moines, là aussi, étudiaient les textes profanes de l’Antiquité.
Peut-on oublier que les Byzantins ont, dans les années 550, reconquis et occupé toute l’Italie, les provinces maritimes de l’Espagne et une bonne part de ce qui avait été l’Afrique romaine ? Que Ravenne est restée grecque pendant plus de deux cents ans, et que les Italiens appelèrent cette région la Romagne, terre des Romains, c’est-à-dire des Byzantins, héritiers de l’empire romain ?
Byzance fut la source majeure de la transmission
Rien n’est dit non plus du rôle des marchands d’Italie, de Provence ou de Catalogne qui, dès les années Mille, fréquentaient régulièrement les escales d’Orient, et plus souvent Constantinople que Le Caire. Faut-il les voir aveugles, sans âme et sans cervelle, sans autre curiosité que leurs épices ? Le schéma s’est imposé, mais c’est à tort. Burgundio de Pise, fils d’une riche famille, a résidé à Constantinople pendant cinq années, de 1135 à 1140, chez des négociants de sa ville. Il en a rapporté un exemplaire des Pandectes, recueil des lois de Rome, rassemblé par l’empereur Justinien, conservé pieusement plus tard par les Médicis dans leur Biblioteca Laurenziana. Fin helléniste, il a traduit les ouvrages savants de Gallien et d’Hippocrate et proposa à l’empereur Frédéric Barberousse un programme entier d’autres traductions des auteurs grecs de l’Antiquité. Cet homme, ce lettré, qui ne devait rien aux Arabes, eut de nombreux disciples ou émules, tel le chanoine Rolando Bandinelli, qui devint pape en 1159 (Alexandre III).
Rendre les Occidentaux tributaires des leçons servies par les Arabes est trop de parti pris et d’ignorance : rien d’autre qu’une fable, reflet d’un curieux penchant à se dénigrer soi-même.
Jacques Heers
http://www.canalacademie.com/L-oeuvre-de-l-historien-Jacques.html
Médiéviste, Jacques Heers nous propose aussi dans cette émission une réflexion sur l’historiographie du XX ème siècle à travers son ouvrage L’histoire assassinée, parue aux éditions de Paris en 2006. Une réflexion sans concession sur l’Université et les clichés de notre histoire.
L’Histoire assassinée
de Jacques Heers aux Editions de Paris
Sa bibliographie :
L’Histoire assassinée Aux Editions de Paris 2006 Gilles de Rais aux Editions Perrin 2005 Les négriers de l’Islam - La première traité des noirs VIIè-XVème siècles aux Editions Perrin 2003
Chute et mort de Constantinople - 1204-1453 aux Editions Perrin La ville au Moyen-Âge en Occident aux Editions Hachette La cour pontificale au temps des Borgia et des Medicis aux Editions Hachette Louis XI aux Editions Perrin La première croisade aux Editions Perrin Les barbaresques - Course et guerre en Méditerranée, XIVème-XVIème siècle aux Editions Perrin
Libérer Jérusalem la première croisade aux Editions Perrin De Saint Louis à Louis XI aux Editions Bartillat Jacques Coeur aux Editions Perrin Fêtes des fous et carnavals aux Editions Hachette Précis d’histoire du Moyen-Age aux Puf Gilles de rais aux Editions Perrin - Le clan familial au Moyen-Âge - Etude sur les structures politiques et sociales des milieux urbains aux Puf L’Occident aux XIVe et XVe siècles - L’Occident aux XIVe et XVe siècles. aux Puf - Moyen-age une imposture aux Editions Perrin 1492-1530 la ruée vers l’Amérique - les mirages et les fièvres ? chez Complexe Editions Christophe colomb, chez Hachette Litterature
http://www.canalacademie.com/Jacques-Heers.html
Wikipedia :
Jacques Heers, agrégé en d’histoire en 1949. Entre 1949 et 1951, il devient professeur au Mans, puis à Alençon, et enfin au Prytanée national militaire.
À partir de 1951, il est rattaché au CNRS. Dès lors, il cotoie le grand Fernand Braudel qui l'envoie en Italie préparer un doctorat d'état consacré à Gênes au XVe siècle. Il soutient sa thèse à la Sorbonne en 1958. À son retour d'Italie, il devient l'assistant de Georges Duby à la faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. En 1957, il est nommé professeur à l'Université d'Alger où il exerce pendant cinq ans jusqu'en 1962. Par la suite, il est successivement professeur à Caen, Rouen, Université Paris X et à la Sorbonne.
Meddeb appelle le christianisme au secours
Sylvain Gougenheim : Aristote au Mont Saint Michel
4 Avril 2008
Présentation de l'éditeur
On considère généralement que l'Occident a découvert le savoir grec au Moyen Âge, grâce aux traductions arabes. Sylvain Gouguenheim bat en brèche une telle idée en montrant que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d'un actif travail de traduction des textes d'Aristote en particulier, dès le XIIe siècle. On découvre dans le même temps que, de l'autre côté de la Méditerranée, l'hellénisation du monde islamique, plus limitée que ce que l'on croit, fut surtout le fait des Arabes chrétiens. Même le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averroès) resta en partie étranger à l'esprit grec. Ainsi, il apparaît que l'hellénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes. Si le terme de "racines" a un sens pour les civilisations, les racines du monde européen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.
Biographie de l'auteur
Professeur d'histoire médiévale à l'ENS de Lyon, Sylvain Gouguenheim travaille actuellement sur l'histoire des croisades. Il a récemment publié Les Chevaliers teutoniques (Tallandier, 2008).
Interview de Sylvain Gougenheim sur Canal-Académie à propos de son livre sur les chevaliers Teutoniques ainsi que sur le livre "Aristote au Mont Saint Michel"
http://www.canalacademie.com/Les-chevaliers-teutoniques.html?var_recherche=Sylvain%20Gougenheim
Le droit musulman en droit comparé
Les grands systèmes de droit contemporains de René David, Camille Jauffret-Spinosi
La traduction en onze langues de cet ouvrage, par-delà la connaissance des systèmes étrangers, a contribué à une meilleure compréhension entre les juristes de divers horizons.
Il demeure l'ouvrage fondamental de tous ceux qui, pour mieux connaître leur propre système, s'interrogent sur les autres droits.
Editeur : Dalloz; Édition : 11e (24 octobre 2002)
Collection : Précis Dalloz
Langue : Français
ISBN-10: 2247028489
ISBN-13: 978-2247028481
Sami Aldeeb Abu-Sahlieh
http://www.sami-aldeeb.com/
Un spécialiste du droit musulman.
Docteur en droit. Expert en droit arabe et musulman. Chrétien d'origine palestinienne. Citoyen suisse. Fondateur de l'Association pour un seul état démocratique en Palestine/Israël.
Introduction à la société musulmane: fondements, sources et principes, Eyrolles, Paris, 462 pages.
Alija Izetbegovic : le Manifeste islamique
Alija Izetbegovic (1925-2003)
Le manifeste islamique,
Al-Bouraq, Paris-Beyrouth, 1999
L'ex-président de la Bosnie - Herzégovique écrivit en 1970 un manifeste (réédité en 1999), qui prône l'instauration de l'ordre islamique, la charia, en Europe, dès que les forces de l'islam le permettront.
Extraits
"Il est impossible qu’un vrai musulman donne sa vie pour la cause d’un empereur ou d’un gouvernant, quelle que soit la notabilité de celui-ci, ni pour la gloire d’une nation, d’un parti, ou de ce qui leur ressemble [...]. Le musulman défie la mort pour l’amour d’Allah ou pour la gloire de l’Islam, sinon il quitte le champ de la bataille."
"La définition exhaustive de l’ordre islamique est : l’unité de la Religion et de la loi, de l’éducation et de la force, des idéaux et des intérêts, de la société spirituelle et de l’Etat, le tout avec l’harmonisation de la spontanéité et de l’obligation."
"De façon générale, le musulman n’existe point en tant qu’individu indépendant."
"Il n’est en effet pas possible qu’une paix ou qu’une coexistence ait lieu entre la Religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques."
"Il n’y a pas de principe de laïcité".
"L’Islam comporte l’idée de "nation", dans le sens de tendance et d’aspiration à unir tous les Musulmans dans une seule communauté religieuse, culturelle et politique."
"[...] l’application de la loi du talion aux meurtriers avec préméditation et injustement. Le talion incarne un intérêt public qui est la protection des vies."
"La suppression de toutes les sources de corruption des moeurs de gens [...]est l’un des aspects les plus important de l’ordre islamique. [...] Voici certaines choses que l’Islam a proscrites et dont, par ses dispositions, l’ordre islamique allait rendre impossible la survenue : - toutes sortes de boissons enivrantes ; - la prostitution publique ou secrète ; - le libertinage dans la littérature et l’art à travers les mots, les photos, les films ou la télévision ; -les clubs de jeu de hasard, les boites de nuit, les clubs de danse, et toute forme de divertissement et de plaisir qui ne s’accordent pas avec les principes moraux de l’Islam."
" [la femme ne doit pas subir de mauvais traitement]. Ces points de vue ne sont pas empruntés à la théorie d’égalité des deux sexes à l’occidentale, car celle-ci exprime la tendance à ce que soient imposés à la société les normes, les caprices et la domination d’une certaine catégorie immorale du sexe féminin."
"Au lieu de l’égalité abstraite, l’Islam assure à la femme l’amour, la vie conjugale, les enfants, et tout ce que cela signifie pour elle."
"[...] assurer à la femme et à ses enfants en cas de divorce ou de polygamie la protection efficace."
"En réalité, le Qur’ân ne nous ordonne pas d’aimer nos ennemis, mais il nous ordonne dans des termes formels d’être équitables et de pardonner.(...) Il faut donc que l’emploi de la force s’adapte à ce principe."
"Le mouvement islamique peut, ou plutôt doit commencer par la prise du pouvoir dès lors qu’il possède une grande part de puissance morale et numérique qui lui permet, non seulement de renverser le pouvoir non islamique, mais encore d’établir le nouveau pouvoir islamique."
"Il est donc évident qu’il y a deux réalismes : notre réalisme à nous et le réalisme des impuissants soumis par nous
"Il ne peut y avoir de paix ou de coexistence entre la foi islamique et les sociétés et les institutions politiques non-islamiques. ..L’Islam exclut clairement le droit et la possibilité d’activité sur son propre terrain de quelque idéologie étrangère à l’Islam que ce soit... et l’Etat doit être une expression de la religion."
« L’islam ne peut en aucun cas coexister avec d’autres religions dans le même Etat, sauf comme un expédient à court terme. Sur le long terme, par contre, après être devenue plus fort, dans un pays quel qu’il soit, les Musulmans ont le devoir de s’emparer du pouvoir et de créer un Etat authentiquement islamique ».
Johan Bourlard : le Jihad
Johan Bourlard, historien, islamologue répond aux questions de Jean-Luc de Carbuccia sur Lumière 101. Ils évoquent les textes fondateurs du jihad, le modèle de Mahomet la stratégie et la tactique du jihad.
Ecouter l'émission consacrée au livre, Johan Bourlard interviewé par Jean-Luc Carbuccia
http://lumiere101.com/2008/04/18/le-jihad/
Ali Merad : le Califat et l'islamisme
Tidiane N’Diaye
L'historien Tidiane Diane parle de son dernier livre " Le génocide voilé".
Il y expose la traite négrière pratiquée par les "arabo-musulmans" et son aspect génocidaire ... non sans rappeler au passage la traite européenne des slaves, enlevés pour être vendu en orient, ni la traite africaine ...
Ou : comment ne rien oublier, et ne rien racialiser.
MP3 : Urvoy et Brague à "Répliques"
Alain Finkielkraut invite Dominique Urvoy et Rémi Brague
http://rapidshare.com/files/126251991/080628_Les_racines_de_l_Europe.mp3
http://www.nouveau-reac.org/ajouts.htm
Islam - Christianisme : Saint François d'Assises
http://www.bivouac-id.com/2008/05/11/saint-francois-d%e2%80%99assises-le-convertisseur-de-musulmans/
L’écrivain Frank M. Rega a fait paraître en décembre dernier un livre en anglais intitulé saint François d’Assises et la conversion des musulmans ; avec une biographie concise du saint.
Pendant la 5ème croisade (1217-1221) en Egypte, François entra dans un camp musulman pour prêcher le christianisme et convertir le sultan. Ce livre de F.M. Rega rapporte cette rencontre avec le sultan et d’autres événements importants de la vie de François.
Livre du Pere Jourdan : Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans
http://rapidshare.com/files/100980166/080216_dieu_chretiens_musulmans.mp3
Emission Réplique avec le Père Jourdan et Ghaleb Bencheikh.
" La propension à la confusion" ...
Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans : Des repères pour comprendre
de François Jourdan,
préface de Rémi Brague
Lettre de Roger Arnaldez, islamologue, au terme d'une vie d'étude de l'islam
ROGER ARNALDEZ
(Paris, le 13 septembre 1911 ; Paris, le 7 avril 2006)
Académie des Sciences morales et politiques
Élu le 10 février 1986, dans la section Philosophie, Président de l'Académie en 1997.
http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/decede/ARNALDEZ.HTM
Enfin, au terme d’une longue vie consacrée à l’étude de l’Islam, le « recyclage » actuel dont je vous parlais, a eu pour résultat de me persuader qu’à part quelques exceptions ( offertes en général par les mystiques) la pensée musulmane n’apporte pas grand’chose à la pensée universelle.
Ce n’est pas la crise islamiste avec son fondamentalisme qui est cause de mon scepticisme et de mes réserves. Mais elle les conforte. Je m’élève contre ceux qui veulent distinguer un « bon » et un « mauvais » islam, comme on a distingué une bonne et une mauvaise Allemagne. J’attends qu’on me dise quel est le principe, théorique ou pratique, des terroristes musulmans , qui n’est pas fondé à la lettre sur un verset coranique. Trop de ceux, chrétiens ou non, qui veulent « sauver » l’Islam en l’idéalisant, n’ont pas eu la patience de lire le Coran, comme autrefois on ne lisait pas « Mein Kampf ».
http://www.libertyvox.com/phpBB/viewtopic.php?t=1481&start=15
Lettre d’Arnaldez adressée au père Maurice Borrmans
si , SUR LE PLAN UNIVERSITAIRE, Roger Arnaldez fut un homme de dialogue, avec des ouvrages comme « Trois messages pour un seul Dieu » (Albin Michel, 1983)ou « A la croisée des trois monothéismes » (Albin Michel, 1993) ,
SUR LE PLAN PERSONNEL Roger Arnaldez restait un catholique très sceptique sur « le sens qu’on peut donner à un dialogue islamo-chrétien ».
Paris le 7 septembre 1994
Mon Révérend Père et cher Ami
Ne croyez pas que je me désintéresse de votre institut d’Islamochristiana et surtout de vous-même. Ce qui se passe, c’est que j’ai accepté de diriger le 4ème volume de l’Encyclopédie philosophique universelle, qui est consacrée aux textes. Or cela me prend tout mon temps : d’une part j’ai une équipe à faire marcher, en France et hors de France ; d’autre part et surtout, je recherche moi-même des textes intéressants et moins connus que ceux des grands ténors de la philosophie, ce qui est captivant et me donne l’occasion d’un complet recyclage.
Néanmoins je compte vous prouver, par untexte écrit, que je ne vous oublie pas, loin de là. Je pense aussi à un article pour Islamochristiana, que vous recevrez d’ici Noël. Vous me demandez un témoignage sur le Père Anawati. J’ai recueilli quelques souvenirs qui sont pour moi significatifs. Peut-être les trouverez-vous sans intérêt. Je vous les envoie à tout hasard. S’ils vous semblent ne pas convenir, n’hésitez pas à les écarter.
En ce qui concerne l’islam, vous savez que depuis longtemps j’ai des doutes sur le sens qu’on peut donner à un dialogue islamo-chrétien.
La situation est des plus simples : être musulman consiste à croire que le Coran est la parole même de Dieu, éternelle ou créée, peu importe. Or il m’est impossible, en lisant ce texte, d’imaginer qu’on puisse faire sienne une telle croyance. Sur ce point, la « psychologie » d’un fidèle sincère, est pour moi un mystère impénétrable , en particulier à notre époque. Comment peut-on se convaincre que le Coran est la parole même de Dieu ? Que peut-on tirer d’un tel livre qui ait quelque valeur et qui ne se trouve pas déjà, sous une forme incomparablement plus parfaite dans l’Ancien ou le Nouveau Testament ou dans les ouvrages anciens (antérieurs à l’Islam) de la tradition juive ou chrétienne ?
Je crois que le Prophète a été véritablement illuminé par l’idée monothéiste, sur laquelle il s’est malheureusement « braqué » et « bloqué ». Mais cela dit, il n’a rien compris à la révélation judéo-chrétienne ; on peut certes l’excuser de n’y avoir rien compris. C’était difficile, sans doute impossible, pour cet homme sans culture.
On trouve dans l’idée qu’il était « ummî »et dans l’usage qu’en font les docteurs de l’islam, la racine d’un tour d’illusionnistes qui émerveillent par de purs artifices un public crédule. Ce n’est pas parce qu’il était « ummî » qu’il est légitime de penser que tout ce qu’il rapporte, ne pouvant venir de la lecture de livres ou d’enseignements reçus, vient forcément d’une prétendue révélation divine, mais c’est parce qu’il était « ummî », qu’il était incapable de comprendre le judaïsme et le christianisme à travers ce qu’il avait pu en voir ou en entendre dire ici ou là.
Mais ne devons-nous pas, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle, dénoncer ce tour de passe-passe des auteurs musulmans ? Que penser, par exemple, de ce point de vue, de la traduction que Md Hamidullah donne de « yâ ukht Harûn » : « Fille d’Aaron, Ô sœur » , avec en note « littéralement( ?) « Sœur Aaronide » ? J’ai, il y a quelques années à Aix, dans une réunion des « Avents » avec le Père Haim, essayé d’affirmer, avec précaution, qu’un chrétien ne pouvait croire que le Coran est la Parole même de Dieu. La réaction des musulmans invités fut des plus vives : j’étais un « ennemi de l’islam. J’eus beau ajouter que les musulmans ne croyaient pas de leur côté que les textes sacrés judéo-chrétiens étaient la parole de Dieu. Cela, ils l’admettaient, mais ils n’admettaient pas que la réciproque était fondée. Comment , dans de telles conditions, concevoir la possibilité du dialogue ?
Quand le pape Jean-Paul II est allé au Pakistan, il prit la parole. Je recevais à cette époque une revue appelée « Vageen ». Elle donna un compte-rendu du discours papal, par un shaykh , qui loua les bonnes intentions du Pape, mais en ajoutant qu’il n’apprenait rien aux musulmans, et que s’il avait connu le Coran, il aurait compris l’inutilité de son intervention. Je ne sais si au Vatican on lit « Vageen » : ce serait une lecture utile ( parmi beaucoup d’autres ouvrages antichrétiens que j’ai dans ma bibliothèque). J’avais donné une photocopie de l’article en question au Cardinal Lustiger. Je ne sais ce qu’il en a fait.
Enfin, au terme d’une longue vie consacrée à l’étude de l’Islam, le « recyclage » actuel dont je vous parlais, a eu pour résultat de me persuader qu’à part quelques exceptions ( offertes en général par les mystiques) la pensée musulmane n’apporte pas grand’chose à la pensée universelle.
On fait grand cas de la civilisation arabe médiévale ; à en croire certains, l’Europe chrétienne, voire toute la pensée et la science dites occidentales, ne seraient rien sans les arabes. Quelle erreur ! Que les savants musulmans aient joué un rôle, c’est incontestable. Mais les traductions du grec en arabe ont été faites par des chrétiens. Saint Thomas en avait d’ailleurs d’autres à sa disposition, faites directement sur le grec par des latins. D’ailleurs calculez combien de fois le Docteur angélique cite Avicenne, Ghazâlî ou Averroès ( et encore souvent pour les critiquer), à côté du nombre de citations qu’il fait des Pères de l’Eglise, et d’autres auteurs chrétiens.
Mais surtout mon « recyclage » m’a permis de constater que le moindre des penseurs européens a , à lui seul, plus d’intérêt que tous les penseurs « arabes » réunis.
Et cela, sans parler des Indiens et des Chinois, que je comprends , il est vrai, plutôt mal, mais dont l’originalité surpasse certainement de loin celle de tous les auteurs musulmans, arabes ou non arabes.
Car ce qu’a écrit Corbin sur les Iraniens, me paraît considérablement interprété, enflé, fantaisiste et fantastique. Tout ce que je vous dis là est si évident, que vous jugerez sans doute que j’aurais pu épargner et la peine pour moi de le dire, et pour vous l’ennui de le lire. Et pourtant !!! Voilà donc, mon cher Père, où j’en suis.
Est-ce à dire que je suis opposé au dialogue ?Non. Il faut , il est vrai, reconnaître que les musulmans en tirent parti pour leur propagande , car ce dialogue les met en vedette. Mais c’est leur affaire . L’essentiel est de ne pas s’y laisser prendre. Je dirai pourtant que ce dialogue est utile aussi aux chrétiens, d’une part parce qu’il leur permet de ne pas s’enfermer dans des idées toutes faites ou dans des ignorances de ce qu’est objectivement l’Islam (en bien ou en mal), ce qui n’est pas chrétien ; mais d’autre part et surtout, parce que la connaissance de cette religion qui se dit monothéiste (mais « qui » est le Dieu unique ?) et abrahamique (mais quel Abraham ? Le seul que je connaisse est celui de la Genèse et non la caricature du Coran), permet de comprendre en profondeur ce qu’est l’incomparable originalité du christianisme.
C’est ce que je disais déjà, il y a longtemps, quand je faisais un cours d’islamologie aux jeunes pères du scolasticat de Fourvière à Lyon. Ce n’est pas la crise islamiste avec son fondamentalisme qui est cause de mon scepticisme et de mes réserves. Mais elle les conforte. Je m’élève contre ceux qui veulent distinguer un « bon » et un « mauvais » islam, comme on a distingué une bonne et une mauvaise Allemagne. J’attends qu’on me dise quel est le principe, théorique ou pratique, des terroristes musulmans , qui n’est pas fondé à la lettre sur un verset coranique. Trop de ceux, chrétiens ou non, qui veulent « sauver » l’Islam en l’idéalisant, n’ont pas eu la patience de lire le Coran, comme autrefois on ne lisait pas « Mein Kampf ». Tout dépend, il est vrai, des commentaires, mais des commentaires, on fait d’eux ce qu’on veut Il reste que le Coran est en soi un engin explosif, et le mieux qu’on puisse en dire, c’est qu’il n’explose que si quelqu’un le met à feu.
Qu’on fasse connaître l’Islam aux chrétiens, c’est parfait (quoique inutile pour leur formation religieuse chrétienne personnelle : l’Evangile suffit à tout) ; mais au moins qu’on le fasse connaître tel qu’il est dans sa racine coranique, et qu’il menace sans cesse d’être ou de devenir selon les circonstances temporelles, socio-politiques ou culturelles.
Cela étant, le propre des chrétiens est d’avoir l’espérance quand ils pensent bien faire. Or c’est penser bien faire que de chercher le dialogue, même s’il n’est pas encore trouvé dans son authenticité de dialogue, pour les raisons très fortes que j’ai dites. Il faut donc persévérer, et je suis vos efforts avec une sincère sympathie. C’est pourquoi je vous enverrai l’article depuis longtemps promis pour Islamo-christiana.
Croyez, mon cher et révérend Père, à toute ma respectueuse et fidèle amitié.
ROGER ARNALDEZ
Grammaire et théologie chez Ibn Hazm de Cordoue (Vrin, 1956)
Jésus, fils de Marie, prophète de l'Islam (Desclée de Brouwer, 1980)
Trois messages pour un seul Dieu (Albin Michel, 1983)
À la croisée des trois monothéismes (Albin Michel, 1993)
Canal Académie : émissions sur l'islam
Roger Arnaldez
Alain Besançon ...
La piété musulmane en Egypte
avec Catherine Mayeur-Jaouen
Catherine Mayeur-Jaouen est professeur à l’INALCO (Langues’O), spécialiste de l’islam en Egypte. Elle brosse une pratique de l’islam en contre-point des grandes manoeuvres politico-religieuses : une société égyptienne profondément pieuse, majoritairement soufie, pratiquant les pèlerinages et le culte des saints.
jeudi 16 novembre 2006 - Emission proposée par : Priscille Lafitte
La grande mosquée d’Al-Azhar
Le célèbre foyer d’enseignement traditionnel de l’Eypte et du Proche-Orient
Al-Azhar, construite au Xè siècle, dont le nom signifie "la brillante" est l’une des principales mosquées et universités du Grand Caire actuel. Son prestige est dû pour une part à la place géographique et politique que Le Caire occupe dans le monde musulman.
jeudi 16 novembre 2006 - Emission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Hommage à Roger Arnaldez, membre de l’Institut : parcours d’un philosophe de la pensée orientale médiévale
avec Michel Zink et Daniel Gimaret membres de l’Académie des inscriptions et belles lettres.
Roger Arnaldez, philosophe de la pensée médiévale et islamologue, a mis son érudition au service de la traduction des auteurs grecs de l’Antiquité, comme Philon d’Alexandrie. Son don pour les langues orientales permet à Roger Arnaldez de s’intéresser aux textes des commentateurs du Coran ou des théologiens musulmans du Moyen Âge, ainsi qu’à la pensée d’Averroès.
jeudi 29 juin 2006 - Emission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Roger Arnaldez : parcours d’un philosophe de la pensée orientale médiévale
avec François Déroche, correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
Roger Arnaldez, (1911-2006) philosophe de la pensée médiévale et islamologue était membre de l’Académie des sciences morales et politiques. François Déroche, correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, historien de l’islam, spécialiste des manuscrits arabes, nous éclaire sur l’oeuvre de cet académicien au carrefour de la philosophie et de la théologie.
jeudi 29 juin 2006 - Emission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Hommage à Roger Arnaldez, membre de l’Institut : « L’islam, une religion conquérante ? »
L’interrogation, en 1994, d’un philosophe de la pensée médiévale et de l’islam, Roger Arnaldez
« La question précise est non pas de savoir si on peut appeler l’islam conquérant parce qu’il a fait des conquêtes, mais s’il est essentiellement conquérant, ou encore s’il relève de sa nature propre, de conquérir » Roger Arnaldez.
jeudi 29 juin 2006 - Emission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
L’Islam en France
avec Alain Besançon et Pascal Le Pautremat
Comment se porte l’islam en France ? Alors qu’elle compte 3,7 millions de musulmans, comment la France peut-elle mieux accueillir la pratique de cette religion ? Un chiffre global pour un islam pluriel et cultuel qui pose la question des interprétations du Coran où Etat et religion sont indissociables.
samedi 1er janvier 2005 - Emission proposée par : Jessica Bodet
Ecouter aussi des interviews des islamologues Dominique et Marie Thérèse Urvoy et Johann Bourlard au cours d'émission de Radio Courtoisie : http://lumiere101.com/tag/islam/
Débats entre musulmans : Abdelwahab Meddeb versus Tarik Ramadan
http://www.dailymotion.com/video/x4a7y1_debat-tarik-ramadan-meddeb-partie-1_politics
http://www.dailymotion.com/related/7195321/video/x4a8cb_debat-tarik-ramadan-meddeb-partie-2_politics
http://www.dailymotion.com/related/7195835/video/x4a8pw_debat-tarik-ramadan-meddeb-partie-3_politics
http://www.dailymotion.com/related/7196324/video/x4a9gh_debat-tarik-ramadan-meddeb-partie-4_politics
http://www.dailymotion.com/related/7197281/video/x4a9ss_debat-tarik-ramadan-meddeb-partie-5_politics
Rappel : Meddeb contre Robert Redecker :
http://www.dailymotion.com/related/7195321/video/x3dbvs_csoj-redeker-et-contradicteur-islam_news
La vidéo montre un débat entre Meddeb, soit disant libéral, et Ramadan, petit fils du fondateur des Freères musulmans, Hasan al Banna, que Meddeb désigne comme la source de ce qu'il nomme "la maladie de l'islam".
Certains veulent faire passer le mouvement des Frères musulmans pour une copie des mouvements fascistes des années 30 (autrement dit l'occident serait une fois de plus la cause de tout "Mal" sur la terre), alors que ce mouvement ne fait que reprendre le flambeau de l'islam après la chute du Califat de l'Empire ottoman.
Dans ce "dialogue" Meddeb apparait comme tenant un discours flou reprenant sur de nombreuses approximations grossières ( notamment sur la notion de "charia", de "jihad", sur l'histoire du fiqh dans l'islam ...), et son seul moyen de contredire Ramadan, consiste à l'interrompre.
Ramadan apparait comme bien plus fin, dans la mesure où ce qu'il developpe est basé sur des propos exacts et précis sur l'islam, son histoire, et largement sur sa conception dans le monde islamique actuel, mais il joue sur des différences philosophiques entre le système démocratique occidental et le système théocratique islamique, ainsi que sur un évitement de questions cruciales du droit musulman, point dont l'auditeur moyen ignore sans doute les références.
Les deux pratiquent une forme de dissimulation de points négatifs de l'islam.
Mais l'on ne peut sans sortir du débat sans l'idée, que si Tarik Ramadan défend un totalitarisme inexcusable, même si lui même pense défendre une recherche tendant à trouver dans l'islam les ressources d'une vie moderne et civilisée, il nous lance un défi intellectuel dans des formes honorables, alors que Meddeb se moque de nous en perdant ses lecteurs dans des affirmations approximatives, en "noyant le poisson", comme il le reproche pourtant à Ramadan.
Dans la vidéo opposant Meddeb à Redecker, Meddeb affirme que Redecker, parce qu'il parle des rites musulmans, décrirait tout musulman comme un barbare.
Or Meddeb a lui même écrit les phrases suivantes au sujet de l'égorgement du mouton par le père de famille chaque année :
Article " Cous coupés"p65-67 in Algérie, textes et dessins inédits, Le Fennec , Casablanca, 1995.
" La célébration de ce symbole rend familère au sujet d'Islam, la scène du râle qui accompagne la gorge tranchée. Suite à ce geste, l'enfant que j'étais voyait le sang fumant de la bête se déverser jusqu'à la dernière goutte [...]. Je ne pus m'empêcher de penser à cette commémoration du geste abrahamique lorsque nous parvinment d'Algérie les scènes d'égorgement de familles entières, oeuvre du GIA, sorti du creuset afghan avec la complicité et la bénédiction des gens de la Qa'ida. Vivre le symbolique dans la réalité du sang versé prédispose peut-être à ce basculement dans la folie."
Qu'avait écrit Robert Redecker ? Ces simples lignes :
" La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n'est pas qu'un phénomène superstitieux. Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au coeur du croyant. Cette lapidation, s'accompagnant annuellement de la mort par piétinement de quelques fidèles, parfois de plusieurs centaines, est un rituel qui couve la violence archaïque. (...)
l'islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine. Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. "
L'importance méconnue du droit musulman
[ Le droit musulman ] est une des constructions juridiques les plus sophistiquées . Le droit musulman a été appliqué jusqu'au moment où il y eu la chute du califat , en 1923
P12 Henri de Waël " le droit musulman apparaît bien , avec le système romaniste et celui de la common law , comme l'une des trois créations originales en la matière
Ce droit musulman est une création postérieure à Mahomet , élaborée en un siècle par de grands jurisconsultes , Malik ibn Anas , Ibn Hanbal , Chaféi , Abû Hanîfa , pour ne parler que des quatre écoles juridiques les plus connues . C'est une véritable création juridique , grâce à l'apport de convertis principalement persans . Sans cela l'empire musulman n'aurait pu tenir .
Le droit musulman n'est absolument pas périmé . Il est partiellement appliqué et tous les efforts des musulmans dits islamistes c'est de l'appliquer dans sa totalité .
Il faudrait que soit plus connu l'excellent livre de Henri de Waël , un vrai génie , un des meilleurs comparatistes , qui n'a jamais voulu se dire Belge mais ..wallon ( affirmant que Tournai devrait revenir à la France , mais cela c'est pour la petie histoire !)
Cet aristocrate wallon d'une culture en droit comparé phénoménale , un peu un Jacques Ellul , a écrit un livre " le droit musulman " , aux Editions CHEAM , 13 rue du Four qui est génial . Son grand avantage , comme Jacques Ellul est d'être juriste et de connaître énormément de langues , y compris l'arabe .
Or page 73 de son livre il écrit :
" cantonné , codifié , intégré , amendé , le droit musulman pouvait sembler , vers 1970 encore , appelé , sinon à disparaître , du moins - à l'instar du droit hindou- à perdre l'essentiel de sa spécificité . Son inattendue résurgence s'inscrit dans une perspective qui dépasse de loin le seul cadre juridique et dont les causes sont , à n'en pas douter , particulièrement complexes (...)
Décolonisation , corruption des milieux occidentalisés etc...
Au départ , dit Henri de Waël , c'est-à-dire vers 1970 , seuls de rares pays musulmans maintenaient une application intégrale du droit musulman ( fiqh) :
- Arabie Saoudite : école hanbalite dans sa mouture wahhabite ( Rappelons l'exécution , pour adultère , en 1978 , de la princesse Michad , âgée de 19 ans et mariée d'autorité,
- Yémen du Nord où la constitution de 1974 précisait que la charî'a islamique constituait " la source de toutes les lois "
- Qatar, dans la Côte des Pirates
- Oman
- Afghanistan
Or c'est en 1972 qu'est rétablie en Libye la peine d'amputation pour vol ,
1973 rétablissement de la flagellation pour fornication
1974 flagellation pour consommation d'alcool
1979 le Pakistan s'engage dans cette voie . Tout le droit est islamisé . Cette islamisation est confirmée en 1984 par référendum
1979 l'Iran devient une République islamique . Une codification pénale islamique rétablit le talion , les supplices des houdôud ( peines légales criminelles) et ceci en 1982 ainsi que le ta'zîr , peines laissées à l'appréciation du juge , en 1983
1980 l'Egypte fait ratifier par référendum ( malgré l'active opposition du pape copte ) un amendement selon lequel les principes de la charîa constituaient "la source fondamentale de la législation du pays " , et non plus l'une des sources seulement
1980 la loi coranique fut également rétablie en Mauritanie
1983 une islamisation totale du droit fut imposée au Soudan
Le choc colonial explique le cantonnement du droit musulman !
L'ensemble des pays d'islam , sauf quelques exceptions- la Turquie , l'Arabie Saoudite , le Yémen , l'Iran , l'Afghanistan - a subi LA COLONISATION.
Sur le plan du droit , les conséquences de cet état de choses ont été considérables . Le droit musulman a été écarté au profit des législations occidentales , surtout en droit pénal . Il subsistait parfois pour ce qui concerne le statut personnel , mariage , successions , biens de mainmorte ( waqfs , habous en Afrique du Nord)
L'abolition du droit pénal musulman intervint presque toujours
1860 , aux Indes
1918 en Indonésie
1935 en Somalie
Or on aurait pu penser à une suppression pure et simple du droit musulman . CE NE FUT ABSOLUMENT PAS LE CAS
Certes la Tunisie en 1956 reconnait à l'islam la qualité de religion d'Etat mais abroge pratiquement le droit musulman en toutes ses dispositions , malgré une opposition des religions qui est muselée !!
- la polygamie est interdite
-la répudiation remplacé par un divorce judiciaire
- l'adoption introduite
C'est aussi le cas au Sénégal ( bien que la plygamie subsiste ) , en Guinée et au Mali
Mais dans un pays comme l'Algérie par exemple , le code du Statut personnel promulgué en 1984 était particulièrement conservateur
pour le mariage et les successions ;
Mais le vrai problème de ce droit tiré des sources religieuses - et donc fidèle au Coran et à la Sunna (comportement du prophète)- C'EST QU'IL S'OPPOSE AUX DROITS DE L'HOMME
-Contradiction brutale qui existe entre la proscription des peines inhumaines et dégradantes ( art 5) et la crucifixion
Or la crucifixion constitue la peine légale (hadd, pluriel :hudûd) applicable au crime religieux de brigandage ' qat' al tarîq ou " coupure des chemins " , lorsque celui-ci a conjugué vol organisé et homicide .
La crucifixion a été introduite dans la législation soudanaise
La Déclaration des Droits de l'homme proclame l'égalité de tous devant la loi ( art.7) . Or le témoignage d'un non-musulman reste bien souvent écarté , les héritiers de confession non-musulmane se trouvent privés de leurs droits éventuels à la succession d'un musulman
La faculté pour quiconque de changer librement de religion (art.1
Le projet d'imposer la peine de mort à l'encontre de ceux qui reviendraient au christianisme après avoir appartenu à l'islam , a provoqué l'opposition la plus irréductible de la communauté chrétienne copte d'Egypte !!
L'APPLICATION TOTALE DU DROIT MUSULMAN (Y COMPRIS DANS SES DISPOSITIONS PENALES) SUPPOSE UNE SOCIETE VERITABLEMENT ISLAMIQUE . Seulement les réformes restent suspendues en attendant la réalisation de cette société .
L'islam n'est pas seulement une foi , c'est aussi une loi qui prend sa source dans le Coran , dans la Sunna ...et s'il n'y a rien de prévu
dans le consensus des savants ( ijmâ') et en quatrième position dans l'analogie ( qiyâs ) , façon de faire jouer l'ijtihâd ( effort de réflexion personnelle )
La colonisation , la puissance des pays occidentaux a privé l'islam de sa Loi , inappliquée ou jugée inapplicable . Mais le fiqh est la pièce maîtresse de l'islam .
D'ailleurs au Liban ,( Etat pluriconfessionnel ) , les tribunaux de la chari'a sont maintenus . La codification du droit musulman est intervenue en 1917 , pour les sunnites . Mais les peines de droit pénal ne sont pas appliquées
Mais en Agérie les tribunaux de chari'a ont été supprimés en 1965 . Et on applique pas le droit pénal musulman .
En fait c'est le problème de la loi qui pose problème en islam . Et c'est pourquoi le combat des islamistes porte sur le rétablissement de la chari'a dans son application jurisprudentielle , le fiqh !!
Anne-Marie Delcambre
Islamologue et professeur d'arabe
Voir quelques uns de ses ouvrages dans la Bibliographie
(Source : Libertyvox)
L'islam vu par un Egyptien converti au catholicisme
Le journaliste italien Magdi Allam, un Égyptien, auparavant de confession musulmane explique sa conversion dimanche dans le Corriere della Sera :
"J'ai dû prendre acte que, au delà (...) du phénomène des extrémistes et du terrorisme islamique au niveau mondial, la racine du mal est inhérente à un islam physiologiquement violent et historiquement conflictuel."
Magdi Allam raconte qu'au cours des années son "esprit s'est affranchi de l'obscurantisme d'une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui conduit à l'homicide et au suicide, la soumission aveugle à la tyrannie, me permettant d'adhérer à l'authentique religion de la Vérité, de la Vie et de la Liberté".
Italie - Corriere della Sera | 26.02.2008
Magdi Allam denonce les dérives du multiculturalisme
L'éditorialiste Magdi Allam revient sur les récentes déclarations de Rowan Williams, archevêque de Canterbury, qui a jugé "inévitable" au Royaume-Uni l'application de normes de la charia. :
"Cette réalité est le produit des dérives de l'idéologie du multiculturalisme. (...) Ces déclarations sont la démonstration qu'un processus sournois d'islamisation de la société a été lancé. (...) En s'appuyant sur le 'politiquement correct' et en permettant aux musulmans d'avoir leurs propres tribunaux, on met en place un mélange qui est capable de déstabiliser le pays et de bouleverser l'ordre constitutionnel. La véritable tragédie est que l'on est prisonnier de notre propre conception de la liberté et de la démocratie, au point qu'en relativisant tout, on accepte des mœurs contraires aux nôtres et on se soumet à des idéologies et à des fois différentes."
L'islam vu par un indien : l'écrivain Naipaul
Voir aussi l'article ci dessous : l'islam en Inde
Crépuscule sur l'Islam de V. S. Naipaul
Commentaire sur Amazon :
"Très long récit journalistique où l'auteur rencontre (dans plusieus pays islamiques dont l'Iran) des intellectuels de l'Islam, formés par un Occident qu'ils rejettent et de simples musulmans, imparfaits, mécontents du présent. Tous rêvent d'un âge d'or -anachronique et utopique. C'est très lucide, sévère et plutôt autère. "
http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=34761&idTC=5&idR=201&idG=
V.S. Naipaul, maître du récit documentairepar Alain de BottonLire, juillet 1998 / août 1998
Tournant le dos au roman, il est allé prendre le pouls des populations en terre d'islam intégriste.
Il y a dix-sept ans, V.S. Naipaul entreprit un voyage en Indonésie, en Iran, au Pakistan et en Malaisie qui constitua la base de ce qui devait être sans doute son plus grand livre de voyage, Crépuscule sur l'Islam : voyage au pays des croyants. Dans ces pays, de nombreux événements se sont produits: l'extraordinaire essor (et, plus récemment, la chute) des économies indonésienne et malaisienne, le bain de sang de la guerre Iran-Iraq et l'énorme poussée de l'intégrisme islamique. Tout cela incita Naipaul à entamer une deuxième série de voyages de 1995 à 1997, dont Jusqu'au bout de la foi (Plon) est le brillant résultat.
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Le thème central de son œuvre, la dislocation culturelle, reflète l'expérience profonde d'émigré de l'auteur - né dans une famille indienne de la Trinité, dans les Caraïbes, il vit en Grande-Bretagne depuis 1954. Naipaul s'est intéressé à la désastreuse crise d'identité que traversent les quatre pays dans lesquels il s'est rendu, une crise due en grande partie à l'influence de l'Islam. En effet, les musulmans ont beaucoup plus de mal que les croyants des autres religions à harmoniser leurs traditions nationales et leur foi. Si l'on en croit Naipaul, l'Islam a des «exigences impérialistes». Les convertis des pays non arabes se voient dans l'obligation de rejeter leur histoire; leurs lieux saints se trouvent en terre arabe; leur langue sacrée est l'arabe. «Le converti doit renoncer à tout ce qu'il est, écrit Naipaul. Les sociétés en subissent de très graves perturbations... et l'islam des pays convertis comporte une composante de névrose et de nihilisme. Ces pays peuvent facilement entrer en ébullition.»
On ne peut qu'applaudir le courage avec lequel cet écrivain expose si ouvertement sa thèse, pleine de mélancolie et, après avoir lu son livre, il est aisé d'y souscrire. Il ne s'agit pas d'un récit de voyage empreint de romantisme: on n'y trouve guère de descriptions idylliques des rizières malaisiennes ou des montagnes entourant Téhéran. Ce que Naipaul découvre dans les quatre pays, c'est un paysage intérieur fait de déracinement, de colère et de déception. Tout au long de son voyage, il se fait presque invisible. Si nous le voyons de temps à autre prendre un taxi à Jakarta ou demander le service d'étage de l'hôtel, il se contente généralement de laisser la parole aux autres. Il se qualifie, en toute modestie, de «meneur de la narration». Les récits sont ceux de quelques personnes représentatives de chaque pays, dont beaucoup seront connues des lecteurs de Crépuscule sur l'Islam.
Il y a quelques années, Naipaul avait affirmé que le roman n'existait plus en tant que mode littéraire et que l'avenir était aux récits documentaires, ce qui lui avait valu d'être ridiculisé. Dans une certaine mesure, Jusqu'au bout de la foi confirme ses dires, du moins en démontrant que, lorsqu'ils sont le fait d'un tel maître, les récits n'ont pas moins de force qu'un roman traditionnel. Quoi qu'il en soit, le lecteur devrait être averti de deux aspects de ce livre qui pourraient le décourager. Tout d'abord, Naipaul ne fait pratiquement aucune concession à ceux qui ne connaissent pas bien l'histoire des pays qu'il visite. Les néophytes se sentiront perdus, puis agacés. Ensuite, l'absence de toute intervention de l'auteur laisse parfois le lecteur sur sa faim car il ne trouvera ni analyse systématique ni conclusion. Dans la plus pure tradition du roman du XIXe siècle, Naipaul laisse tout simplement la parole à ses personnages: il montre mais s'exprime rarement. Ce qui n'est qu'une facette supplémentaire de son talent exceptionnel.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/022/article_17409.asp
Prix Nobel
Naipaul, anti-musulman primaire ?
Aussi méritée que soit l'attribution cette année du prix Nobel de littérature au britannique d'origine indienne V.S. Naipaul, elle n'en choquera pas moins ceux qui ont fait les frais des sarcasmes de cet écrivain si critique à l'égard du tiers-monde dont il est issu mais aussi du monde occidental où il vit aujourd'hui.
Peu de gens croyaient encore à sa chance d'obtenir un jour cette consécration littéraire suprême. Même son éditeur français Ivan Nabokov n'a guère pu cacher sa surprise en apprenant la nouvelle: «Cela fait des années que son nom est cité pour le Nobel. Mais ses amis pensaient qu'à cause de ses remarques acerbes, notamment vis-à-vis de certains écrivains britanniques, on ne lui donnerait jamais le prix. Généralement, l'Académie suédoise décerne le prix à un auteur plus consensuel!» L'éditeur français faisait allusion aux propos peu amènes tenus récemment par Naipaul sur les monstres sacrés de la littérature anglaise que sont Dickens («auto-parodiste»), E.M. Forster («un dangereux homosexuel») et Joyce («illisible»). Il y a un an il accusait Tony Blair de promouvoir «une culture agressivement plébéienne» et de porter ainsi atteinte à l'idée même de la civilisation.Toutes ces remarques ne l'ont pas particulièrement rendu sympathique aux yeux de l'establishment britannique. On l'accuse d'être réactionnaire, élitiste, anti-tiersmondiste.
L'islamMais ce sont les jugements que Naipaul a portés sur l'islam, les portraits qu'il a brossés dans ses livres des «phénomènes de névrose collectives et individuelle liés à la conversion à la religion musulmane» qui ont suscité controverses et polémiques. Profondément attaché à la culture et à la religion hindoues de ses ancêtres venus de l'Inde, Naipaul n'a eu cesse de dénoncer l'impérialisme «intransigeant» de l'Islam, attirant l'attention sur le «génocide» tant humain que culturel qui auraient été commis par les conquérants musulmans en Inde et en Asie en général. Récemment encore, il a comparé «l'impact calamiteux (de la propagation de l'Islam) sur les peuples convertis» aux conséquences du colonialisme occidental. «La suppression de soi exigée par les Musulmans, a-t-il expliqué, est plus traumatisante que le processus d'aliénation entraîné par le colonialisme. Quand vous vous convertissez à l'islam, vous devez détruire votre passé, votre histoire. Vous devez piétiner le passé et vous répéter quema culture ancestrale n'existe pas, elle ne compte pas».La question de l'islam et de son totalitarisme a été au coeur de deux livres de voyage que Naipaul a consacrés aux pays musulmans. Il s'agit de l'Indonésie, de l'Iran, du Pakistan et de la Malaisie, quatre pays non-arabes où l'écrivain s'est rendu en 1979 pour explorer la pratique de la foi musulmane et pour comprendre comment cette pratique conduit à la révolution qui avait déjà éclatée en Iran et menaçait d'embraser le monde musulman dans son ensemble. Les rencontres et les entretiens effectués pendant ce voyage avec des ayatollahs (il a rencontré notamment le juge-bourreau de la révolution iranienne l'ayatollah Khalkhali), mais aussi avec des gens ordinaires sont à l'origine de Crépuscule sur l'Islam, livre-enquête paru en 1981. Ce livre est profondément dérangeant, il représente les musulmans comme des êtres confus, enfermés dans leurs certitudes et dans la croyance qu'ils ont que les réponses à tous leurs malheurs se trouvent dans les textes sacrés. En 1995-96, Naipaul est revenu sur ses pas, revisité les quatre pays traversés il y a dix-sept ans, à la recherche de matériau pour un nouveau livre. Dans Jusqu'au bout de la foi, publié en 1998, l'écrivain britannique examine comment et avec quelle cruauté l'Islam a détruit chez les peuples convertis les moindres souvenirs de leurs identités passée. Il montre comment cette acculturation à marche forcée peut être génératrice de fanatismes de toutes sortes. «Les gens échafaudent des fantasmes. Et l'islam des pays convertis comporte une dimension névrotique et nihiliste. Ces pays peuvent aisément s'embraser».Le monde musulman n'a pas apprécié et a traité Naipaul d'anti-musulman primaire. Or, pour critiques que soient ces livres à l'égard de l'islam et de son incapacité pathologique à se réformer, ils ne procèdent pas uniquement d'un besoin de polémiquer. Les textes de Naipaul sur l'islam s'inscrivent aussi dans une réflexion plus vaste sur la place du sacré dans le monde moderne dont l'absence constitue pour l'écrivain, comme il l'a dit, «la malédiction du Nouveau Monde». Il n'oublie jamais non plus ce que les sociétés contemporaines doivent à l'islam et au christianisme: «Ces deux grandes religions révélées ont changé le monde pour toujours, affirme-t-il, et nous tous, quelque soit notre croyance, nous marchons dans le chemin éclairé par elles. Au delà de leur dogmes, ces religions ont donné au monde l'idée d'une société basée sur la fraternité, la charité et la compassion, toutes choses qui nous paraissent aujourd'hui aller de soi. Ces idéaux constituent les fondements même de notre vie politique et morale aujourd'hui. Ils n'existaient pas avant, ni dans le monde antique, ni dans l'hindouisme ni dans le bouddhisme». Et d'ajouter: «Maintenant, il est possible que ces deux religions révélées aient fini leur mission et n'aient plus rien de nouveau à nous proposer. Mais ça c'est une autre histoire!» Sont-ce les propos d'un «anti-musulman primaire» ? Pour les jurés du prix Nobel, il est clair que la critique de Naipaul ne s'adresse pas particulièrement à l'islam, mais plutôt au phénomène religieux en général. «Il considère la religion comme un fléau de l'humanité, susceptible d'étouffer l'imagination et notre rage de penser et d'expérimenter», ont-ils déclaré.
par Tirthankar Chanda
L'islam au XXème et XXIème siècle
"Spécialiste de l’islam dont elle traite sans langue de bois, Anne- Marie Delcambre nous offre là son sixième livre qui cherche à montrer, comme le titre l’indique, « la schizophrénie de l’islam » : schizophrénie qui conduit une partie des musulmans à s’enfermer dans un texte figé, sans tenir compte du contexte, et ainsi à se couper du monde moderne; les autres (en fait très minoritaires), plus ouverts à la modernité, cherchent à faire évoluer l’islam, sans prendre la mesure de la rigidité des textes fondateurs. Cette schizophrénie est largement entretenue par le « mythe » d’un « islam invariable » hérité de Mahomet qui ne correspond en rien à la réalité historique. Pour le démontrer, l’auteur nous brosse à grands traits une vaste fresque historique qui est sans doute la partie la plus riche du livre : l’islam est une religion de convertis qui a énormément reçu des peuples (non arabes) qu’il a soumis. Les conversions, le plus souvent, n’étaient en rien spontanées, mais la conséquence de l’humiliant statut des vaincus, les dhimmis. « Le mythe de la tolérance de l’islam est tellement ancré, rappelle Anne-Marie Delcambre, qu’on oublie que l’islam n’est tolérant que lorsqu’il ne peut faire autrement » (p. 111). Dans le domaine des arts et des sciences, par exemple, elle montre que la civilisation islamique n’a rien inventé, mais a su habilement récupérer le génie des peuples conquis (Perses, Byzantins). Bref, selon les lieux, l’islam ne présente pas un visage unique, mais a une dimension multiforme que les musulmans eux-mêmes reconnaissent difficilement, tant on les a convaincus du contraire. Le paradoxe est qu’Internet contribue aujourd’hui à déconnecter l’islam présent en Occident de la réalité et entretient ainsi une vision extrémiste auprès des fidèles musulmans qui auraient pu être les plus ouverts à une certaine modernisation de l’islam. Et cela, Anne-Marie Delcambre le montre avec l’aide des fatwas que véhicule Internet et qui sont le reflet d’un islam totalement figé dans ses positions les plus sclérosées. Tout cela est peu encourageant et met en lumière les deux différences les plus essentielles entre islam et christianisme : l’absence, chez le premier, des réalités qui sont au coeur du second : l’Amour (la relation de confiance Père-fils entre le Créateur et sa créature) et l’appel à la sainteté. Différences que l’auteur, visiblement assez réfractaire à la religion en tant que telle, ne semble guère percevoir. Dommage, c’est la seule réserve à formuler sur un travail par ailleurs fort utile.
Le jihad vu par un araméen chrétien
Qu’est-ce que le djihad ? À la question : « Qu’est-ce que le djihad ? », je peux répondre sans la moindre hésitation qu’il s’agit de la guerre sainte pour l’islam. Le djihad, qui est avant tout un devoir religieux rattaché aux premiers fondements de l’islam et dirigé contre les non-musulmans, doit être poursuivi jusqu’à la fin des temps. Selon l’Encyclopédie de l’Islam (1ère édition, 1913, tome 1, p.1072) : « Le Djihad est la propagation de l’islam par les armes. C’est un devoir religieux pour tous les Musulmans d’une façon générale, qu’importe le lieu ou le pays où ils se trouvent. » À l’appui de cette définition, citons un ancien professeur musulman d’histoire de l’islam à l’Université islamique d’Al-Azhar (Le Caire, Égypte), qui est devenu chrétien, s’est réfugié aux États-Unis et a pris le nom de Mark Gabriel : « Il n’y a qu’une seule manière de s’assurer l’entrée au paradis, et c’est la grande motivation des kamikazes et combattants du djihad. Selon l’islam, le seul moyen d’être sûr d’entrer au paradis est de mourir en combattant les ennemis de l’islam. La guerre sainte consiste tout simplement à combattre les ennemis d’Allah jusqu’à ce qu’ils meurent ou jusqu’à ce que l’on meure soi-même dans ce combat. En fait, le mot djihad signifie “lutte”. Le djihad a été défini en termes légaux par le fiqh [droit] islamique comme suit : Le djihad, c’est combattre tous ceux qui empêchent l’expansion de l’islam, ou combattre celui qui refuse d’adhérer à l’islam (basé sur la sourate 8, v.39 [ : « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition, et que le culte soit rendu à Dieu [Allah] en sa totalité. »]). Selon cette doctrine, si vous mourez dans la guerre sainte, vous n’avez même pas à passer par la tombe pour attendre le jugement ; vous entrez directement au paradis. […] Voilà pourquoi on voit certains musulmans quitter leur patrie pour aller combattre dans d’autres pays. Leur motivation est religieuse, ce qui est bien plus dangereux qu’une motivation politique. » Mark A. GABRIEL, Islam et terrorisme, Éditions Ourania, 2006, p.46-47. En effet, ce sont les textes fondateurs de la religion musulmane (le Coran et les paroles de Mahomet) qui ordonnent aux musulmans de faire la guerre aux non-musulmans. Voyons d’abord quelques-uns des ordres donnés par le Coran : « Le combat vous est prescrit [à vous, musulmans]. » Le Coran, sourate 2, v.216 (trad. de D. MASSON). « Ô Prophète [Mahomet] ! encourage les croyants [musulmans] au combat ! » Le Coran, sourate 8, v.65 (trad. de D. MASSON). « Légers ou lourds, élancez-vous au combat. Luttez avec vos biens et vos personnes, dans le chemin de Dieu [Allah]. » Le Coran, sourate 9, v.41 (trad. de D. MASSON). Selon le Coran, les musulmans doivent réellement combattre contre tous ceux qui refusent de devenir musulmans : « Dieu [Allah] a rempli sa promesse envers vous [musulmans] quand, avec sa permission, vous anéantissez vos ennemis. » Le Coran, sourate 3, v.152 (trad. de D. MASSON). « Ô vous qui croyez [musulmans] ! Combattez ceux des incrédules qui sont près de vous. Qu’ils vous trouvent durs. » Le Coran, sourate 9, v.123 (trad. D. MASSON). « Une fois passés les mois sacrés, tuez les incroyants où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades. » Le Coran, sourate 9, v.5 (trad. de Jean GROSJEAN). « Lorsque vous rencontrez des infidèles, eh bien ! tuez-les au point d’en faire un grand carnage, et serrez fort les entraves des captifs. » Le Coran, sourate 47, v.4 (trad. de KASIMIRSKI). Le Coran déclare d’ailleurs qu’Allah préfère les musulmans qui combattent et qu’Allah donnera à ces combattants la meilleure récompense : « Dieu [Allah] a acheté aux croyants [musulmans] leurs personnes et leurs biens pour leur donner le Paradis en échange. Ils combattent dans le chemin de Dieu [Allah] : ils tuent et ils sont tués. » Le Coran, sourate 9, v.111 (trad. de D. MASSON). « Nous accorderons une récompense sans limite à celui qui combat dans le chemin de Dieu [Allah], qu’il soit tué ou qu’il soit victorieux. » Le Coran, sourate 4, v.74 (trad. de D. MASSON). « Dieu [Allah] préfère ceux qui combattent avec leurs biens et leurs personnes à ceux qui s’abstiennent de combattre. Dieu [Allah] a promis à tous d’excellentes choses ; mais Dieu [Allah] préfère les combattants aux non-combattants, et il leur réserve une récompense sans limites. » Le Coran, sourate 4, v.95 (trad. de D. MASSON). « Ceux qui croient et émigrent et luttent de biens et de corps dans le sentier de Dieu [Allah] sont aux plus hauts rangs près de Dieu [Allah]. » Le Coran, sourate 9, v.20 (trad. de M. HAMIDULLAH). Comme pour confirmer le Coran, le prophète de l’islam Mahomet encourage lui aussi les musulmans à combattre en disant : « Sachez que le paradis est sous l’ombre de l’épée ». EL-BOKHARI,Les Traditions islamiques, titre 56, chap.22, tome 2, p.292. « J’ai reçu l’ordre de combattre les gens tant qu’ils ne diraient pas qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah. » EL-BOKHARI, titre 96, chap.28, tome 4, p.577. « J’aimerais être tué dans la guerre sainte, puis être rappelé à la vie et tué encore, puis encore rappelé à la vie et encore tué. » EL-BOKHARI, titre 56, chap.7, tome 2, p.284-285. « Les bonnes œuvres ne sont, auprès de la guerre sainte, que comme un crachat dans une mer immense. » Rapporté par le théologien musulman GHAZALI (mort en 1111) et cité par J.-P. CHARNAY, Principes de stratégie arabe, Paris, L’Herne, 1984, p.56. « Il n’y a pas de monachisme (rahbâniyya) dans l’Islam. Le monachisme de cette communauté [musulmane] est la guerre sainte. » Cité par le grand islamologue hongrois, Ignaz GOLDZIHER (mort en 1921), Le dogme et la loi dans l’Islam, Paris, Geuthner/L’éclat, 2005 (2ème édition), p.117. Dans son célèbre Traité de Droit public, l’éminent juriste et théologien musulman Ibn Taymiya (1263-1328), rapporte, à ce sujet, deux paroles significatives de Mahomet : « Le Prophète (Mahomet) a dit aussi : Il y a au paradis cent degrés ; d’un degré à l’autre il y a la distance du ciel à la terre. Dieu les destine à ceux qui combattent pour sa cause. Le Prophète (Mahomet) a dit : Le meilleur de toutes choses, c’est l’islam ; le fondement de l’islam, c’est la prière ; le sommet de l’islam, le combat pour la cause de Dieu. » IBN TAYMIYA, cité par Edgard WEBER, L’islam sunnite traditionnel, Éditions Brepols (collection : Fils d’Abraham), 1993, p.60. C’est ainsi que les musulmans ont très rapidement divisé l’humanité en deux camps ennemis : d’un côté, les musulmans eux-mêmes et, de l’autre, les infidèles qui, malgré leurs différences de races et de religions, ne forment, en dehors de l’Islam, qu’un seul peuple de damnés. « Le jihâd [guerre sainte des musulmans] divise les peuples de la terre en deux groupes irréconciliables : 1) les Musulmans (habitants du dar al-islam, pays soumis à la loi islamique) ; 2) les Infidèles (habitants du dar al-harb, pays de la guerre) destinés à passer sous la juridiction islamique, soit par la conversion de leurs habitants, soit par la conquête armée. Le jihâd est l’état de guerre permanente ou d’hostilité du Musulman contre le dar al-harb, jusqu’à la soumission définitive des infidèles [non-musulmans] et la suprématie absolue de l’Islam sur le monde. » BAT YE’OR, Juifs et Chrétiens sous l’Islam, Paris, 1994, p.25. Actuellement, les islamistes, qui sont de plus en plus nombreux en Europe et dans le monde, continuent à croire fermement en une série de cinq prophéties que Mahomet aurait annoncées au sujet de la fin du monde. Voici ce que dit la quatrième de ces prophéties : « Allah va livrer ses ennemis à l’islam dans un dernier combat. Les Juifs et leurs alliés impies seront exterminés de la surface de la terre. On mettra sept mois à enterrer leurs cadavres. Allah remportera cette grande victoire par toutes sortes de fléaux : la guerre, la peste, la grêle, etc. La Palestine redeviendra la terre bénie de l’islam. Le monde deviendra un seul califat, soumis à la sainte loi d’Allah. Ceux qui refuseront de se convertir [à l’islam] disparaîtront. » Cité par Jean EZECHIEL, Les prophéties de l’islam, Éditions Alphée, France, 2006, p.141. Le djihad, guerre sainte au nom de l’islam, fait donc partie intégrante de la religion musulmane. Nous pouvons donc conclure par cette pensée : « Un Islam où la doctrine du jihâd n’existerait pas ne serait plus l’islam de Mahomet et du Coran. » F.M. PAREJA, Islamologie, Beyrouth, 1964, p.666.
Père Samuel
UBU
source libertyvox pere samuel p66