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La Fatiha et la culture de la haine
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Importance de la prière et de la Fatiha
La prière fait partie des cinq piliers de l’islam, qui sont: l’attestation de la foi, la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage. En droit musulman, celui qui nie l’obligation de prier est considéré comme apostat et passible de la peine de mort. Et celui qui ne prie pas par paresse est considéré comme un pécheur, et doit être contraint de prier. Puis, s’il refuse, il peut être mis à mort. Cette obligation de prier, sous peine de mort, est confirmée dans le traité de droit d’Ibn Ruchd, le fameux philosophe et juriste dit Averroès (décédé en 1198). Le père de famille peut contraindre les membres de sa famille qui ne s’y conforment pas, et cela s’applique même au mineur à partir de l’âge de dix ans.
Aujourd’hui aussi, les musulmans sont obligés, dans certains pays, d’accomplir les cinq prières et doivent pour cela interrompre toutes leurs activités. Une fatwa demande à l’État de licencier l’employé qui ne prie pas, et permet à son collègue de le tuer. L’article 306 du Code pénal mauritanien réitère la peine de mort contre le récalcitrant:
Tout musulman majeur qui refuse de prier tout en reconnaissant l’obligation de la prière sera invité à s’en acquitter jusqu’à la limite du temps prescrit pour l’accomplissement de la prière obligatoire concernée. S’il persiste dans son refus jusqu’à la fin de ce délai, il sera puni de la peine de mort.
S’il ne reconnaît pas l’obligation de la prière, il sera puni de la peine pour apostasie et ses biens confisqués au profit du Trésor public. Il ne bénéficiera pas de l’office consacré par le rite musulman.
Selon le droit musulman, les cinq prières quotidiennes que doit accomplir le musulman ne sont valides que si la Fatiha y est récitée. Elle est récitée aussi lors de la conclusion du contrat de mariage, lors des visites des cimetières et à d’autres occasions.
Al-Fatiha, traduite par La Liminaire, Le Prologue, L’Ouverture ou L’Inaugurale, etc. est le titre du premier chapitre du Coran dans l’ordre canonique qu’utilisent les musulmans et le cinquième chapitre dans l’ordre chronologique. Elle est composée de sept versets, dont les 6e et 7e versets comportent l’invocation suivante: «Dirige-nous vers le chemin droit. Le chemin de ceux que tu as gratifiés, contre lesquels [tu n’es] pas en colère et qui ne sont pas égarés.»
« Les gens contre lesquels Dieu est en colère » et « les égarés »
L’aspect qui nous intéresse dans cette étude est l’interprétation qui a été donnée à cette invocation à travers les siècles, et plus particulièrement à ce que désignent les deux groupes: «les gens contre lesquels Dieu est en colère», et «les gens égarés».
Pour répondre à cette question, j’ai procédé à l’examen de 88 exégètes musulmans tant anciens que contemporains. Et je constate que chez l’écrasante majorité des exégètes, les gens contre lesquels Dieu est en colère sont les juifs, et les gens égarés sont les chrétiens. Ils partent d’une interprétation des versets 6 et 7 fournie par Mahomet lui-même qui dit: «Les juifs sont les gens contre qui Dieu est en colère, et les chrétiens sont les gens égarés.» Ils corroborent ce récit de Mahomet par de nombreux versets coraniques qui vont dans le même sens.
L’ouvrage que je vous présente ici comporte une première partie analysant les opinions et les justifications des exégètes et citant les versets du Coran qui sont utilisés pour appuyer leurs opinions. Il établit une analogie entre le chapitre premier du Coran et la prière catholique du Vendredi saint dans laquelle on priait « pour les juifs perfides », prière modifiée depuis le Concile Vatican II à la suite de protestations à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise catholique. L’ouvrage signale aussi que le chapitre 1er du Coran récité dans la prière des musulmans 17 fois par jour viole les normes antiracistes et va contre l’acte constitutif de l’UNESCO dont le préambule dit:
Les gouvernements des États parties à la présente Convention, au nom de leurs peuples, déclarent:
Que, les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.
La deuxième partie de cet ouvrage présente les exégètes par ordre chronologique selon un schéma unique:
- Nom de l’exégète, année de décès, son école, le titre de son exégèse
- Extraits en langue arabe de l’exégèse en question, avec toujours un lien internet permettant au lecteur de revenir à la source. Les extraits sont suivis d’une traduction soit littérale, soit sommaire en langue française.
Deux exemples
Je vous donne ici à titre d’exemples deux exégèses, un ancien et un contemporain:
Exégète: Muqatil Ibn-Sulayman, mort en 767, appartenant au courant majoritaire sunnite:
- Dirige-nous vers le chemin droit (verset 6): signifie la religion de l’islam, parce que toute religion autre que l’islam n’est pas droite.
- Le chemin de ceux que tu as gratifiés: à savoir les prophètes que tu as gratifiés par la prophétie comme il est dit dans le verset H-44/19:58: «Ceux-là sont ceux que Dieu a gratifiés, parmi les prophètes.»
- Contre lesquels (tu n’es) pas en colère signifie: dirige-nous vers une autre religion que celle des juifs contre lesquels Dieu est en colère et «dont il a fait des singes et des porcs» (H-112/5:60).
- Et qui ne sont pas égarés (verset 7) signifie: ne nous dirige pas vers la religion des polythéistes qui sont les chrétiens.
Exégète: Abd-Allah Ibn Abd-al-Muhsin Al-Turki, dirigeant une équipe de professeurs d’exégèse de l’Université Muhammad Ibn-Sa’ud et ex-ministre saoudien des affaires religieuses:
«Dirige-nous vers le chemin droit»: conduis-nous vers le chemin droit et maintiens-nous sur ce chemin jusqu’à ta rencontre, et ce chemin est l’islam, le chemin clair qui conduit à la satisfaction de Dieu et à son paradis qu’a indiqué le sceau de ses messagers et de ses prophètes Mahomet. Il n’existe aucun autre moyen pour atteindre le bonheur du serviteur qu’en y demeurant. «Le chemin de ceux que tu as gratifiés, contre lesquels tu n’es pas en colère et qui ne sont pas égarés»: le chemin de ceux que tu as gratifiés parmi les prophètes, les véridiques, les témoins et les vertueux (H-92/4:69). Ce sont eux les gens de la bonne direction et de la rectitude. Ne nous place pas parmi ceux qui suivent le chemin de ceux contre lesquels tu es en colère, qui ont connu la vérité mais n’ont pas agi en fonction d’elle, à savoir les juifs et ceux qui leurs ressemblent, ni le chemin de ceux qui n’ont pas été dans la bonne direction, à savoir les chrétiens et ceux qui suivent leurs lois. Cette invocation est un remède pour le cœur du musulman, contre la maladie du dénigrement, de l’ignorance et de l’égarement, et une preuve que la grâce de l’islam est la plus importante dans l’absolu. Celui qui connaît la vérité et la suit est digne du chemin droit, et il ne fait pas de doute que les compagnons de Mahomet sont les plus dignes après les prophètes. Ce verset ainsi indique leur mérite.
But de cet ouvrage
Il est clair que le premier chapitre du Coran répété 17 fois par jour par chaque musulman incite à la haine, si on le comprend dans le sens qui lui est donné par les exégètes anciens et contemporains sur la base d’un récit de Mahomet corroboré par des versets coraniques. En cela, cette prière viole les droits de l’homme et les lois antiracistes et antidiscriminatoires. La dangerosité de cette prière provient du fait qu’elle est répétée 17 fois par jour, créant ainsi un sentiment de haine chez les musulmans contre les non-musulmans.
Le but de cette étude consiste à attirer l’attention, en premier lieu, des musulmans eux-mêmes sur le fait que leurs prières ne favorisent pas la paix, bien au contraire, et qu’ils sont les premières victimes de ces invocations haineuses. Ensuite, cette étude souhaite alerter les organisations internationales qui œuvrent pour la paix ainsi que des responsables politiques et académiques en Occident afin que des mesures soient prises pour inciter les autorités religieuses musulmanes à dénoncer l’interprétation du chapitre coranique en question et à interdire les prêches haineux dans les lieux de culte et leur diffusion.
Dans une vidéo, une petite fille de deux ans répond à des questions sur la religion. Parmi celles-ci: qui sont les gens contre lesquels Dieu est en colère? Et la petite fille de répondre: ce sont les juifs. Et qui sont les égarés? Ce sont les chrétiens. Quel espoir pouvons-nous avoir en nos jeunes gens si on leur enseigne une telle discrimination dès leur plus tendre enfance?
Sami Aldeeb, dr en droit, professeur des universités
Directeur du Centre de droit arabe et musulman
Édition arabe du Coran par ordre chronologique à télécharger gratuitement
Traduction française du Coran par ordre chronologique