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Delcambre sur France-culture le 14 octobre

Le mardi 14 octobre prochain, en direct sur FRANCE-CULTURE , Anne-Marie Delcambre fera face à Adennour Bidar, dans l'émission "Grain à moudre" , de 18h30 à 19h15.

Jacques Heers : l'histoire assassassinée

La fable de la transmission arabe du savoir antique

Nouvelle Revue d’Histoire, n° 1, juillet-août 2002

A en croire nos manuels, ceux d’hier et plus encore ceux d’aujourd’hui, l’héritage de la Grèce et de Rome fut complètement ignoré dans notre monde occidental, de la chute de l’empire romain et du développement du christianisme jusqu’à la «Renaissance» : nuit du Moyen Âge, mille ans d’obscurantisme !

Et d’affirmer, du même coup, que les auteurs de l’Antiquité ne furent connus que par l’intermédiaire des Arabes, traducteurs appliqués, seuls intéressés, seuls capables d’exploiter et de transmettre cette culture que nos clercs méprisaient.

Parler d’«Arabes» est déjà une erreur. Dans les pays d’islam, les Arabes, lettrés et traducteurs, furent certainement bien moins nombreux que les Persans, les Egyptiens et les chrétiens de Syrie et d’Irak. La plupart des textes grecs ont d’abord été traduits en langue syriaque, parler araméen de la ville d’Edesse, qui a largement survécu à l’islam et ne disparaît qu’au XIIIe siècle. Au temps d’al Ma’mum, septième calife abbasside (813-833), Hunan ibn Isbak, le plus célèbre des hellénistes, hôte privilégié de la Maison de la Sagesse à Bagdad, était un chrétien. Il a longtemps parcouru l’Asie Mineure pour y recueillir des manuscrits grecs, qu’il traduisait ou faisait traduire sous sa direction. Nos livres parlent volontiers des savants et traducteurs de Tolède, qui, au temps des califes de Cordoue, auraient étudié et fait connaître les auteurs anciens. Mais ils oublient de rappeler que cette ville épiscopale - comme plusieurs autres et nombre de monastères - était déjà, sous les rois barbares, bien avant l’occupation musulmane, un grand foyer de vie intellectuelle toute pénétrée de culture antique. Les clercs, demeurés chrétiens, très conscients de l’importance de transmettre cet héritage, ont tout simplement poursuivi leurs travaux sous de nouveaux maîtres.

On veut nous faire croire aux pires sottises et l’on nous montre des moines, copistes ignares, occupés à ne retranscrire que des textes sacrés, acharnés à jeter au feu de précieux manuscrits auxquels ils ne pouvaient rien comprendre. Pourtant, aucun témoin, aux temps obscurs du Moyen Age, n’a jamais vu une bibliothèque livrée aux flammes et nombreux sont ceux qui, au contraire, parlent de monastères rassemblant d’importants fonds de textes anciens. Il est clair que les grands centres d’études grecques ne se situaient nullement en terre d’islam, mais à Byzance. Constantin Porphyrogénète, empereur (913-951), s’est entouré d’un cercle de savants, encyclopédistes et humanistes ; les fresques des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Le patriarche Photius (mort en 895) inaugurait, dans son premier ouvrage, le Myriobiblion, une longue suite d’analyses et d’exégèses d’auteurs anciens. Michel Psellos (mort en 1078) commentait Platon et tentait d’associer le christianisme à la pensée grecque. Nulle trace dans l’Église, ni en Orient ni en Occident, d’un quelconque fanatisme, alors que les musulmans eux-mêmes rapportent nombre d’exemples de la fureur de leurs théologiens, et de leurs chefs religieux contre les études profanes. Al-Hakim, calife fatimide du Caire (996-1021), interdisait les bijoux aux femmes, aux hommes, les échecs, et aux étudiants, les livres païens. A la même date, en Espagne, al-Mansour, pour gagner l’appui des théologiens (musulmans), fit brûler par milliers les manuscrits grecs et romains de la grande bibliothèque de Cordoue. L’Occident chrétien n’a connu aucune crise de vertu de ce genre.
Les « Arabes » ont certainement moins recherché et étudié les auteurs grecs et romains que les chrétiens. Ceux d’Occident n’avaient nul besoin de leur aide, ayant, bien sûr, à leur disposition, dans leurs pays, des fonds de textes anciens, latins et grecs, recueillis du temps de l’empire romain et laissés en place. De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. Les pèlerinages en Terre sainte, les conciles œcuméniques, les voyages des prélats à Constantinople maintenaient et renforçaient toutes sortes de liens intellectuels. Dans l’Espagne des Wisigoths, les monastères (Dumio près de Braga, Agaliense près de Tolède, Caulanium près de Mérida), les écoles épiscopales (Séville, Tarragone, Tolède), les rois et les nobles, recueillaient des livres anciens pour leurs bibliothèques. Ce pays d’Ibérie servait de relais sur la route de mer vers l’Armorique et vers l’Irlande, où les moines, là aussi, étudiaient les textes profanes de l’Antiquité.

Peut-on oublier que les Byzantins ont, dans les années 550, reconquis et occupé toute l’Italie, les provinces maritimes de l’Espagne et une bonne part de ce qui avait été l’Afrique romaine ? Que Ravenne est restée grecque pendant plus de deux cents ans, et que les Italiens appelèrent cette région la Romagne, terre des Romains, c’est-à-dire des Byzantins, héritiers de l’empire romain ?

Byzance fut la source majeure de la transmission

Rien n’est dit non plus du rôle des marchands d’Italie, de Provence ou de Catalogne qui, dès les années Mille, fréquentaient régulièrement les escales d’Orient, et plus souvent Constantinople que Le Caire. Faut-il les voir aveugles, sans âme et sans cervelle, sans autre curiosité que leurs épices ? Le schéma s’est imposé, mais c’est à tort. Burgundio de Pise, fils d’une riche famille, a résidé à Constantinople pendant cinq années, de 1135 à 1140, chez des négociants de sa ville. Il en a rapporté un exemplaire des Pandectes, recueil des lois de Rome, rassemblé par l’empereur Justinien, conservé pieusement plus tard par les Médicis dans leur Biblioteca Laurenziana. Fin helléniste, il a traduit les ouvrages savants de Gallien et d’Hippocrate et proposa à l’empereur Frédéric Barberousse un programme entier d’autres traductions des auteurs grecs de l’Antiquité. Cet homme, ce lettré, qui ne devait rien aux Arabes, eut de nombreux disciples ou émules, tel le chanoine Rolando Bandinelli, qui devint pape en 1159 (Alexandre III).

Rendre les Occidentaux tributaires des leçons servies par les Arabes est trop de parti pris et d’ignorance : rien d’autre qu’une fable, reflet d’un curieux penchant à se dénigrer soi-même.

Jacques Heers


http://www.canalacademie.com/L-oeuvre-de-l-historien-Jacques.html

Médiéviste, Jacques Heers nous propose aussi dans cette émission une réflexion sur l’historiographie du XX ème siècle à travers son ouvrage L’histoire assassinée, parue aux éditions de Paris en 2006. Une réflexion sans concession sur l’Université et les clichés de notre histoire.

L’Histoire assassinée
de Jacques Heers aux Editions de Paris

Sa bibliographie :
L’Histoire assassinée Aux Editions de Paris 2006 Gilles de Rais aux Editions Perrin 2005 Les négriers de l’Islam - La première traité des noirs VIIè-XVème siècles aux Editions Perrin 2003
Chute et mort de Constantinople - 1204-1453 aux Editions Perrin La ville au Moyen-Âge en Occident aux Editions Hachette La cour pontificale au temps des Borgia et des Medicis aux Editions Hachette Louis XI aux Editions Perrin La première croisade aux Editions Perrin Les barbaresques - Course et guerre en Méditerranée, XIVème-XVIème siècle aux Editions Perrin
Libérer Jérusalem la première croisade aux Editions Perrin De Saint Louis à Louis XI aux Editions Bartillat Jacques Coeur aux Editions Perrin Fêtes des fous et carnavals aux Editions Hachette Précis d’histoire du Moyen-Age aux Puf Gilles de rais aux Editions Perrin - Le clan familial au Moyen-Âge - Etude sur les structures politiques et sociales des milieux urbains aux Puf L’Occident aux XIVe et XVe siècles - L’Occident aux XIVe et XVe siècles. aux Puf - Moyen-age une imposture aux Editions Perrin 1492-1530 la ruée vers l’Amérique - les mirages et les fièvres ? chez Complexe Editions Christophe colomb, chez Hachette Litterature

http://www.canalacademie.com/Jacques-Heers.html

Wikipedia :
Jacques Heers, agrégé en d’histoire en 1949. Entre 1949 et 1951, il devient professeur au Mans, puis à Alençon, et enfin au Prytanée national militaire.
À partir de 1951, il est rattaché au CNRS. Dès lors, il cotoie le grand Fernand Braudel qui l'envoie en Italie préparer un doctorat d'état consacré à Gênes au XVe siècle. Il soutient sa thèse à la Sorbonne en 1958. À son retour d'Italie, il devient l'assistant de Georges Duby à la faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. En 1957, il est nommé professeur à l'Université d'Alger où il exerce pendant cinq ans jusqu'en 1962. Par la suite, il est successivement professeur à Caen, Rouen, Université Paris X et à la Sorbonne.

Meddeb appelle le christianisme au secours



Vers 10 :05 « Il faut être d’une approche évangélique de la lettre coranique, c'est-à-dire atteindre l’esprit plutôt que la lettre »« Nous devons faire tout pour séparer l’islam de ses démons islamistes ». A. Meddeb


Les juifs pratiquants passent leurs vies à étudier l'esprit de la loi, s'ils ont pu, séparer une première lecture archaïque de la loi de son sens plus élevé, c'est en fonction d'une étude de l'esprit de l'ensemble des textes.

S'ils ont pu le faire, c'est que le judaisme a inventé " tu ne tueras point" "tu aimeras ton prochain" " tu ne te vengeras pas" ..

C'est ainsi qu'ils ont fait du talion une loi civile.


Les chrétiens ont voulu faire abstraction quasi complête de la lettre, tout en retenant l'esprit, mais s'ils ont pu se centrer sur l'esprit d'amour de ces textes, c'est bien parce que Jésus l'y avait trouvé, écrit noir sur blanc ...


Mais les musulmans ... comment peuvent ils échapper à la lettre d'un texte où tout reflête la vie et l'esprit guerrier et impitoyable d'un homme qui a tué et combattu, d'un texte où nulle part ne figure le mot "amour" ?



Sylvain Gougenheim : Aristote au Mont Saint Michel


ARISTOTE AU MONT SAINT MICHEL
Sylvain Gougenheim
Éditeur : Le Seuil









Le Monde des Livres :
Et si l'Europe ne devait pas ses savoirs à l'islam ?
4 Avril 2008
Roger-Pol Droit
L'historien Sylvain Gouguenheim récuse l'idée que la science des Grecs ait été transmise à l'Occident par le monde musulman. Etonnante rectification des préjugés de l'heure, ce travail de Sylvain Gouguenheim va susciter débats et polémiques. Son thème : la filiation culturelle monde occidental-monde musulman. Sur ce sujet, les enjeux idéologiques et politiques pèsent lourd. Or cet universitaire des plus sérieux, professeur d'histoire médiévale à l'Ecole normale supérieure de Lyon, met à mal une série de convictions devenues dominantes.


Présentation de l'éditeur
On considère généralement que l'Occident a découvert le savoir grec au Moyen Âge, grâce aux traductions arabes. Sylvain Gouguenheim bat en brèche une telle idée en montrant que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d'un actif travail de traduction des textes d'Aristote en particulier, dès le XIIe siècle. On découvre dans le même temps que, de l'autre côté de la Méditerranée, l'hellénisation du monde islamique, plus limitée que ce que l'on croit, fut surtout le fait des Arabes chrétiens. Même le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averroès) resta en partie étranger à l'esprit grec. Ainsi, il apparaît que l'hellénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes. Si le terme de "racines" a un sens pour les civilisations, les racines du monde européen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.

Biographie de l'auteur
Professeur d'histoire médiévale à l'ENS de Lyon, Sylvain Gouguenheim travaille actuellement sur l'histoire des croisades. Il a récemment publié Les Chevaliers teutoniques (Tallandier, 2008).

Interview de Sylvain Gougenheim sur Canal-Académie à propos de son livre sur les chevaliers Teutoniques ainsi que sur le livre "Aristote au Mont Saint Michel"
http://www.canalacademie.com/Les-chevaliers-teutoniques.html?var_recherche=Sylvain%20Gougenheim

Le droit musulman en droit comparé


Les grands systèmes de droit contemporains de René David, Camille Jauffret-Spinosi

La traduction en onze langues de cet ouvrage, par-delà la connaissance des systèmes étrangers, a contribué à une meilleure compréhension entre les juristes de divers horizons.

Il demeure l'ouvrage fondamental de tous ceux qui, pour mieux connaître leur propre système, s'interrogent sur les autres droits.

Editeur : Dalloz; Édition : 11e (24 octobre 2002)
Collection : Précis Dalloz
Langue : Français
ISBN-10: 2247028489
ISBN-13: 978-2247028481

Sami Aldeeb Abu-Sahlieh



http://www.sami-aldeeb.com/

Un spécialiste du droit musulman.

Docteur en droit. Expert en droit arabe et musulman. Chrétien d'origine palestinienne. Citoyen suisse. Fondateur de l'Association pour un seul état démocratique en Palestine/Israël.

Introduction à la société musulmane: fondements, sources et principes, Eyrolles, Paris, 462 pages.

Alija Izetbegovic : le Manifeste islamique


Alija Izetbegovic (1925-2003)

Le manifeste islamique,
Al-Bouraq, Paris-Beyrouth, 1999


L'ex-président de la Bosnie - Herzégovique écrivit en 1970 un manifeste (réédité en 1999), qui prône l'instauration de l'ordre islamique, la charia, en Europe, dès que les forces de l'islam le permettront.





Extraits

"Il est impossible qu’un vrai musulman donne sa vie pour la cause d’un empereur ou d’un gouvernant, quelle que soit la notabilité de celui-ci, ni pour la gloire d’une nation, d’un parti, ou de ce qui leur ressemble [...]. Le musulman défie la mort pour l’amour d’Allah ou pour la gloire de l’Islam, sinon il quitte le champ de la bataille."

"La définition exhaustive de l’ordre islamique est : l’unité de la Religion et de la loi, de l’éducation et de la force, des idéaux et des intérêts, de la société spirituelle et de l’Etat, le tout avec l’harmonisation de la spontanéité et de l’obligation."

"De façon générale, le musulman n’existe point en tant qu’individu indépendant."

"Il n’est en effet pas possible qu’une paix ou qu’une coexistence ait lieu entre la Religion islamique et les institutions sociales et politiques non islamiques."

"Il n’y a pas de principe de laïcité".

"L’Islam comporte l’idée de "nation", dans le sens de tendance et d’aspiration à unir tous les Musulmans dans une seule communauté religieuse, culturelle et politique."

"[...] l’application de la loi du talion aux meurtriers avec préméditation et injustement. Le talion incarne un intérêt public qui est la protection des vies."

"La suppression de toutes les sources de corruption des moeurs de gens [...]est l’un des aspects les plus important de l’ordre islamique. [...] Voici certaines choses que l’Islam a proscrites et dont, par ses dispositions, l’ordre islamique allait rendre impossible la survenue : - toutes sortes de boissons enivrantes ; - la prostitution publique ou secrète ; - le libertinage dans la littérature et l’art à travers les mots, les photos, les films ou la télévision ; -les clubs de jeu de hasard, les boites de nuit, les clubs de danse, et toute forme de divertissement et de plaisir qui ne s’accordent pas avec les principes moraux de l’Islam."

" [la femme ne doit pas subir de mauvais traitement]. Ces points de vue ne sont pas empruntés à la théorie d’égalité des deux sexes à l’occidentale, car celle-ci exprime la tendance à ce que soient imposés à la société les normes, les caprices et la domination d’une certaine catégorie immorale du sexe féminin."

"Au lieu de l’égalité abstraite, l’Islam assure à la femme l’amour, la vie conjugale, les enfants, et tout ce que cela signifie pour elle."

"[...] assurer à la femme et à ses enfants en cas de divorce ou de polygamie la protection efficace."

"En réalité, le Qur’ân ne nous ordonne pas d’aimer nos ennemis, mais il nous ordonne dans des termes formels d’être équitables et de pardonner.(...) Il faut donc que l’emploi de la force s’adapte à ce principe."

"Le mouvement islamique peut, ou plutôt doit commencer par la prise du pouvoir dès lors qu’il possède une grande part de puissance morale et numérique qui lui permet, non seulement de renverser le pouvoir non islamique, mais encore d’établir le nouveau pouvoir islamique."

"Il est donc évident qu’il y a deux réalismes : notre réalisme à nous et le réalisme des impuissants soumis par nous

"Il ne peut y avoir de paix ou de coexistence entre la foi islamique et les sociétés et les institutions politiques non-islamiques. ..L’Islam exclut clairement le droit et la possibilité d’activité sur son propre terrain de quelque idéologie étrangère à l’Islam que ce soit... et l’Etat doit être une expression de la religion."

« L’islam ne peut en aucun cas coexister avec d’autres religions dans le même Etat, sauf comme un expédient à court terme. Sur le long terme, par contre, après être devenue plus fort, dans un pays quel qu’il soit, les Musulmans ont le devoir de s’emparer du pouvoir et de créer un Etat authentiquement islamique ».

Johan Bourlard : le Jihad


Johan Bourlard, historien, islamologue répond aux questions de Jean-Luc de Carbuccia sur Lumière 101. Ils évoquent les textes fondateurs du jihad, le modèle de Mahomet la stratégie et la tactique du jihad.



Ecouter l'émission consacrée au livre, Johan Bourlard interviewé par Jean-Luc Carbuccia
http://lumiere101.com/2008/04/18/le-jihad/