.

Alain Besançon et le silence de Benoit XVI sur l'islam

http://www.canalacademie.com/Benoit-XVI-devant-les-trois.html

ECL508
Benoît XVI devant les trois tentations de l’Eglise
Avec Alain Besançon et le père Iborra


En 1996, Alain Besançon publiait un essai capital intitulé Trois tentations dans l’Eglise (réédité chez Perrin). Alors que le voyage du pape Benoît XVI à Paris et à Lourdes fut pour beaucoup de Français une révélation de la véritable personnalité du pontife, Christophe Dickès a demandé à Alain Besançon de replacer le pontificat de l’ancien cardinal Ratzinger en face de ces "trois tentations". Pour sa part, le père Iborra, traducteur du livre d’Aidan Nichols La pensée de Benoît XVI (Editions Ad Solem), éclaire le parcours intellectuel de l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Pour lire les ouvrages du Père Moussali, dont parle Alain Besançon :

Ce texte du Père Moussali
http://pagesperso-orange.fr/frat.st.paul/AntoineMoussali.pdf

Son ouvrage : http://jesusmarie.free.fr/islam.html
Antoine MOUSSALI
La Croix et le croissant

Antoine MOUSSALI, La Croix et le croissant, Paris, Éditions de Paris, 1998, 116 p.

“La vérité vous libérera” dit le Christ (Jn, 8, 32). Comme dans toute parole, point de dialogue en dehors de la vérité. Or le dialogue suppose une attitude de bienveillance et un regard de charité porté sur l’autre, en même temps qu’une recherche – d’une “patience géologique” – de la vérité dont cet autre est porteur. Jamais il n’y eut autant de rencontres, sessions, colloques et autres séminaires comme durant les deux dernières décennies, où tout le monde était porté par un optimisme irrépressible et une égale impatience boulimique du dialogue. Progressivement les débordements sont devenus inévitables : bienveillance devenait complaisance et recherche de la vérité se muait en compromission. Cela a donné lieu à des dérives inoubliables, telle la rencontre islamo-chrétienne de Tripoli, en Libye, en 1974 – dont le Secrétariat pour les relations avec l’islam (S.R.I.) était l’initiateur –, où le président Kadhafi a infligé aux participants un discours de trois heures pour exhorter les chrétiens à une nécessaire conversion à l’islam libérateur. Il a fallu attendre l’encyclique Redemptoris missio, en 1990, pour avoir des précisions nécessaires sur le contour du “dialogue” et de l’“annonce”: “si les deux sont liés, ils ne sont pas interchangeables pour autant”.
C’est dans ce contexte que se situe l’ouvrage d’A. Moussali et c’est dans la logique même du dialogue qu’il faut le placer. Son intention est d’apporter quelques éléments de réponse pour élucider une question récurrente : chrétiens et musulmans, sommes-nous semblables, dissemblables, comparables ? Que signifient des termes comme “monothéisme”, “révélation”, “christologie”, “Abraham”, “prophétie”, etc. ?
Selon sa méthode comparatiste, l’A. aborde les différents termes avec un triple objectif : regarder la réalité en face, telle qu’elle est ; expliquer aux catholiques ce qu’est l’islam ; et enfin reprendre l’éducation des chrétiens dans leur propre foi, afin qu’ils soient en mesure de la défendre et de se prémunir contre la tentation de la conversion – sentimentale ou sectaire – à l’islam. À un exposé impartial de la religion musulmane l’auteur combine une catéchèse très sûre de la religion chrétienne. L’objectif du livre est tel que l’on oubliera volontiers quelques lacunes et imprécisions dans le texte.
On emploie couramment, et presque machinalement, dans le milieu catholique et même dans des homélies, des expressions comme “les trois monothéismes”, “les trois religions révélées”, “les trois religions abrahamiques”, voire “les trois religions du Livre”. Cette dernière expression – musulmane ! – a un sens entièrement différent de ce que supposent les chrétiens qui l’emploient. L’auteur montre combien ces expressions sont insoutenables et même particulièrement scandaleuses quand elles sont de la part de catholiques. Si un jour nous les voyons disparaître du discours chrétien courant ce sera le signe que le Père A. Moussali n’aura pas travaillé en vain : il nous plaît d’emprunter cette dernière pensée à Alain Besançon, de l’Institut, qui, avec encore quelques rares intellectuels, a compris la gravité des enjeux depuis que le dialogue est devenu une pratique en vogue.

M.-Th. URVOY

(Exemplaire du BLE Tome CIII n° 4 Octobre - Décembre 2002)