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Andrew Bostow

Dr. Andrew Bostom explains the historical the Legacy of Islamic Antisemitism November 7th, 2013 - Great Neck NY Andrew G. Bostom is an American author and Associate Professor of Medicine at Brown University Medical School. For more on Dr. Bostom, visit: http://www.andrewbostom.org/blog/





 




Le programme du parti de Belgique : "islam"



L'internaute qui a mis en ligne cette vidéo écrit que ce musulman "avoue" vouloir instaurer la charia : mais il n'y a rien à "avouer" : cet homme ne cache rien et ne parle pas d'un programme qui serait caché : les textes de l'islam ne parle de rien d'autre que de ce programme du règne de la loi d'Allah, et du point de vue musulman il n'y a bien sur rien d'inavouable dans le fait de militer pour instaurer la loi d'Allah.
Le déni insensé de nos hommes politiques et intellectuels sur la réalité et la publicité de ce programme musulman n'est en rien la faute des militants musulmans, qui n'ont de cesse d'appeler à les rejoindre pour appliquer la loi d'Allah ...

Débat sur l'islam à " Think twice "

https://www.youtube.com/watch?v=rh34Xsq7D_A Islam is a Religion of Peace- Intelligence Squared For: Zeba Khan For: Maajid Nawaz Against: Ayaan Hirsi Ali Against: Douglas Murray Like on us Facebook: http://bit.ly/IQ2onFacebook Tweet at us: http://bit.ly/IQ2Twitter Subscribe to us: http://bit.ly/IQ2onYouTube

La confrontation scientifique de l'islam et de l'Occident

La confrontation scientifique de l'islam et de l'Occident
Dominique Urvoy
Source : La Nef n°191 de mars 2008

L‘islam-religion et l'Islam-civilisation ne se recouvrent que partiellement : cette dernière étant simplement celle des pays qui ont suivi le droit musulman (fiqh), car l'islam considère qu'une révélation implique nécessairement une loi (charî'a). Mais même si en principe le fiqh régit la totalité de la vie humaine, en fait beaucoup de choses lui échappent et il y a toujours eu tension entre les hommes de religion désireux de tout contrôler, et les acteurs effectifs, tant dans les domaines pratiques (politique, commerce,...) qu'intellectuels (littérature, science, philosophie).
Le mot « science » ('ilm), omniprésent dans le Coran, ne désigne que le savoir religieux (mémorisation de la révélation, des traditions prophétiques, des règles juridiques,...). Jusqu'à tout récemment, ce qu'en Occident on appelle « science » n'a été désigné en arabe que par composition : « science de la nature », « science de la configuration » (astronomie), etc. Il ne s'agissait donc jamais que d'un savoir par participation.
Participation parce que dans le savoir religieux il y a appel à certaines disciplines complémentaires correspondant à ce que nous appelons maintenant « science » : science des fractions, impliquée par la discipline des successions ; observations astronomiques pour fixer exactement les critères liturgiques ; comptabilité, pour répondre à l'insistance coranique sur l'honnêteté dans les poids et mesures.

La copie de l’Occident

A partir de là, il était possible de justifier une activité scientifique. Celle-ci a donc pu s'appuyer sur le travail de traduction réalisé par des sujets de l'Empire restés non musulmans (surtout chrétiens mais aussi sabéens) et gardant l'héritage philosophico-scientifique de l'Antiquité. Ce processus de traduction-adaptation n'a duré que du viiie au xe siècle, tant que l'Empire était puissant et savait profiter de la présence en lui de minorités.
Pour remarquables qu'aient été les développements qui se sont ainsi « glissés » dans le cadre de la civilisation régie par le fiqh (1), cela n'a pas été sans entraîner des effets négatifs. D'abord la méfiance des religieux vis-à-vis de ce savoir « étranger », conduisant notamment à récuser totalement la physique d'inspiration grecque. Ensuite la déviation vers les sciences occultes (alchimie, magie, astrologie), encouragée par l'influence de la « science des lettres » d'origine sémitique. Enfin, dans le domaine particulier de la médecine, longtemps l'apanage des Juifs et des chrétiens, les meilleures réalisations, qui se situaient expressément dans le prolongement d'Hippocrate et de Galien, ont été concurrencées auprès du grand public par la « médecine du prophète », recueils d'indications de « remèdes de bonne femme » tirés des traditions du prophète Mahomet. À quoi s'ajoute le fait – alors universel – de l'isolement des scientifiques qui ne se regroupent que rarement en filiations ou en écoles.

« Tâtonnement »

Dans ces conditions, le rapport de l'Occident avec la science arabe peut être caractérisé par les termes de « tâtonnements » et de « recherches individuelles ». Tâtonnements parce que la civilisation islamique ne se présentait pas d'emblée comme une « civilisation scientifique ». C'était une civilisation certes brillante mais où les aspects susceptibles d'intéresser une civilisation étrangère se réduisaient d'abord à ce qui fascine toujours dans l'exotisme, à savoir l'ésotérique. On a donc commencé, dans la Péninsule ibérique, là où le contact était presqu'immédiat, par traduire des ouvrages d'alchimie et d'astrologie. Il a fallu l'action d'un homme de l'extérieur, le grand maître de l'Ordre de Cluny, Pierre le Vénérable, pour que l'on prenne l'islam au sérieux et que l'on se mette à traduire d'abord des textes religieux, puis des textes philosophiques. Encore l'action des Juifs contraints à l'émigration par le régime almohade a-t-elle été un puissant adjuvant à ce 
Un apport à relativiser

Pour capitale que soit l'influence de la production scientifique musulmane sur l'Occident médiéval, il faut la relativiser. La « science arabe » ne s'est pas « imposée » par elle-même ; il a fallu la chercher. Ce que l'islam comme tel « imposait » comme science, c'était des disciplines purement pratiques (science des fractions, comptabilité, astronomie cotée). Le reste, notamment le célèbre « algèbre » et l'invention du « zéro » (en soi simple perfectionnement de la découverte des savants de l'Inde, découlant du calcul par position), il a fallu que des individus l'aillent chercher auprès d'autres individus, à travers des écrits difficiles à trouver. En outre, les principaux titres de gloire de cette influence, que sont l'astronomie et la médecine, ne sauraient être considérés comme étant « à l'origine » du développement scientifique de l'Occident, ces deux disciplines ayant connu aux xviie et xviiie siècles de véritables révolutions.
La somnolence culturelle du monde musulman à partir du xive siècle se heurte au xviiie au contact forcé avec l'Occident. L'Islam découvre alors avec stupeur et consternation qu'il est en retard. Ce sera jusqu'à nos jours l'angoissante question des intellectuels musulmans : pourquoi ce changement de situation ? Car la grande différence avec le passé réside dans le fait que l'Occident s'« impose » comme une civilisation scientifique et technicienne. Il n'y a plus à chercher la science, elle est prédominante et toute la question réside en son assimilation. Mais comme la science actuelle se développe à toute vitesse, le monde musulman en est le plus souvent réduit à la course à la traduction.

Un savoir venu d’ailleurs

Dès le xixe siècle une petite minorité en Inde a voulu relever le défi et a créé des collèges où, à côté de l'enseignement islamique, se donnait un enseignement calqué sur le modèle anglais. Leurs héritiers sont les seuls actuellement à participer à l'élaboration de la science, le plus souvent dans des laboratoires occidentaux. Mais la grande majorité a considéré cela comme une trahison et a développé l'idée qu'il fallait « se réapproprier » la science dont l'Occident devait les prémisses aux traductions de l'arabe. On prétend alors séparer la technique scientifique de l'arrière-plan culturel jugé malsain, se condamnant ainsi à la simple application d'un savoir élaboré ailleurs. Ainsi, les Frères musulmans recrutent beaucoup dans les milieux d'ingénieurs. En contrepartie se développe une pseudo-science prétendant appliquer les formules de la science moderne aux données coraniques, comme le calcul de « la vitesse du paradis » ou « la captation de l'énergie des djinns ».

Dominique Urvoy a été chercheur à la Casa de Velázquez (Madrid, 1970-1973), à l'Institut français d'études arabes de Damas (1973-1974), au CNRS (1974-1981). Il a enseigné à l'université de Damas (1968-1970), à l'École des lettres de Beyrouth (1969-1970) et à l'université de Dakar (1981-1985). Il est actuellement professeur de pensée et civilisation arabes à l'université de Toulouse-II. Il a publié plusieurs ouvrages sur la vie intellectuelle dans l'Espagne musulmane, la confrontation islamo-chrétienne et les penseurs arabes indépendants. Il est notamment l’auteur de Histoire de la pensée arabe et islamique (Seuil, 2006, 676 pages, 29 e) et vient de publier avec son épouse Marie-Thérèse Urvoy L’Action psychologique dans le Coran (Cerf, 2007, 103 pages, 13,90 e, ouvrage qui sera présenté prochainement dans La Nef). 
(1) Voir l'Histoire des sciences arabes, R. Rashed, Seuil, 1997, et la revue Arabic Sciences and Philosophy, Cambridge University Press. 


Rémi Brague répond aux questions de la NEF

Rémi Brague
Source : La Nef n°195 de juillet-août 2008

Nous avons lancé le mois dernier notre enquête sur l’islam en présentant les enjeux et 
les problèmes en cause. Nous publions ce mois-ci les textes de Rémi Brague et Jean-Pierre Péroncel-Hugoz qui répondent aux trois mêmes questions. Nous poursuivrons 
dans notre prochain numéro la publication des réponses reçues.


1) L’islam est-il selon vous intrinsèquement mauvais et dangereux, est-il 
totalitaire ?

Je n’aime pas trop ce genre de question, vous pouvez le deviner. D’abord, parce que « islam » a plusieurs sens : religion de l’abandon intégral de soi à Dieu, civilisation vieille de quatorze siècles, populations professant actuellement la religion musulmane. Il est tellement facile de confondre le jugement purement intellectuel que l’on peut porter sur une religion (ou idéologie, ou position politique, etc.) avec l’attitude concrète envers ceux qui professent telle ou telle idée. Il faut garder sa liberté de jugement et de parole envers la religion, tout en accordant à ceux qui la professent le respect infini que nous devons à tout homme. On peut penser que le tabac est cancérigène tout en ayant des amis fumeurs… 
Et même à l’intérieur de l’islam au sens étroit, comme religion, il ne faut pas tout mélanger. Il y a d’une part les sources dont chaque musulman reconnaît l’autorité, à savoir le Coran, qu’il croit dicté par Dieu, et les récits sur la vie (sira) et les déclarations (hadith) de Mahomet. Il y a d’autre part les développements postérieurs dans les écoles juridiques, les confréries soufies, la piété populaire, qui varient selon les pays et les époques. On peut penser ce qu’on veut de Mahomet et du Coran. Cela n’empêche pas de reconnaître la grandeur de la civilisation, et la dignité de la vie de certains musulmans.
Totalitaire ? L’adjectif a pris une coloration péjorative dont on ne peut plus guère le séparer. Il vaudrait mieux l’éviter. Si l’on veut dire par là que l’islam revendique la totalité de l’humanité et l’être humain dans toutes ses dimensions, d’accord. Mais le christianisme lui aussi s’adresse à tout homme et à tout l’homme. Souvenez-vous de ce que Roland Freisler, le Vichinsky de l’Allemagne nazie, avait lancé : le nazisme et le christianisme ont un point commun et un seul, c’est qu’ils veulent l’homme tout entier. La différence concerne non l’objet, mais la façon dont s’exerce la revendication, soit par la contrainte politique ou la pression sociale, soit en faisant appel à la liberté : la Gestapo ou la grâce, ce n’est pas la même chose… 
On pourrait dire de même que l’islam est « fondamentaliste », sans nuance péjorative, mais de façon purement descriptive : il voit dans le Coran un livre dicté par Dieu, un peu comme les fondamentalistes protestants voient dans la Bible le recueil infaillible de toutes les vérités, à prendre à la lettre. 

2) L’islam a-t-il remplacé le communisme comme danger majeur pour l’Europe ?
Le rapprochement entre les deux mouvements historiques n’est pas nouveau. En particulier, Jules Monnerot, dans sa Sociologie du communisme (1950), avait qualifié celui-ci d’islam du xxe siècle. Ce qui comportait une part de vérité. Grande ou petite, je laisse aux connaisseurs le soin d’en décider. Mais en tout cas, la comparaison allait en sens inverse : ce qui faisait peur à l’époque, et non sans raison, c’était le léninisme, qui se prétendait « communiste », alors que l’islam ne servait que de métaphore. Aujourd’hui, on a cessé, peut-être un peu vite d’ailleurs, de craindre le léninisme. Et c’est à l’islam que l’on fait jouer le rôle du « méchant », comme J.R. dans Dallas : « celui que vous aimez haïr »… À l’extrême-gauche, certains, déçus par l’échec de l’Union Soviétique, sont d’ailleurs fascinés par la puissance, réelle ou supposée, du terrorisme islamique, qui leur semble seul à même de mettre à mal leur principal ennemi, les États-Unis.
Le plus 

grand danger pour l’Europe, et pour l’Occident entier, est intérieur. Quels que soient les adversaires de l’Europe, réels ou imaginaires, ils ne tirent leur force que de sa faiblesse intérieure. C’était déjà le cas avec l’Union Soviétique. Cette maladie paralysante, c’est le doute de soi, le sentiment de culpabilité par rapport au passé ; c’est la haine de soi qui tourne en haine de la vie. Au confluent des deux, c’est chez certains la haine du christianisme que l’on charge de tous les crimes de l’histoire. 
L’un des aspects de cette faiblesse intérieure, c’est d’ailleurs le refus des Européens de la regarder en face pour en chercher les remèdes. Et pour se cacher l’origine intérieure du mal, rien de tel que de projeter ses craintes sur un épouvantail extérieur. Léninisme et islam, de ce point de vue, remplissent la même fonction. 

3) Peut-on cohabiter pacifiquement avec l’islam, peut-on et doit-on dialoguer avec lui ?
On doit et on peut cohabiter pacifiquement avec des populations venues de pays musulmans par immigration, et aussi avec des pays voisins, comme ceux du Maghreb, dans lesquels l’islam est la religion dominante. Bien sûr, il faut aussi faire pression sur les gouvernements des pays musulmans pour qu’ils respectent la liberté religieuse de leurs citoyens ou sujets ; qui doivent pouvoir changer de religion s’ils le veulent, pratiquer leur culte, etc. La situation varie selon les pays, mais dans l’ensemble nous en sommes encore loin.
Pour parler du rapport avec l’islam comme religion, le mot « cohabiter » ne convient guère. Dialoguer ? On ne peut le faire qu’avec des personnes. La première difficulté sera alors, si des musulmans cherchent le dialogue, de savoir si ces personnes représentent autre chose qu’elles-mêmes. L’islam sunnite, neuf musulmans sur dix, donc, n’a pas de magistère doté d’autorité. L’islam chiite a développé ce genre de clergé, ce qui a sans doute facilité la récente déclaration commune entre le Vatican et des intellectuels chiites.
La grande difficulté du dialogue avec l’islam est que celui-ci se comprend dès l’origine comme un post-christianisme. Le Coran contient déjà une polémique contre les chrétiens, et le ‘Issâ (Jésus) dont il parle est un personnage purement virtuel, messager d’un Évangile (au singulier !) évidemment disparu, et qui aurait été une sorte de Coran. Ce ‘Issâ n’a guère plus que le nom en commun avec le Jésus dont parlent les quatre Évangiles. L’islam se croit destiné à rétablir la vérité que les chrétiens ont déformée, et donc à remplacer ce qui s’imagine être le christianisme et qui n’est en fait qu’une trahison du message de Jésus. Cette façon de voir, le colonel Khadafi l’a récemment développée à Paris, devant un auditoire médusé. Le plus inquiétant n’est d’ailleurs pas le culot du dictateur libyen. C’est la surprise du public, pourtant composé de gens « importants » et supposés cultivés, devant ce qui est en islam quasiment une évidence…
Le ronron bien comme il faut sur les trois monothéismes, les trois religions d’Abraham, les trois religions du Livre, etc. est bien sûr plus confortable. Mais parler ainsi, c’est se placer d’un point de vue chrétien que les Musulmans n’acceptent pas. Du coup, on n’aboutit guère qu’à des monologues parallèles. La première condition, si nous voulons vraiment discuter, est donc de savoir comment l’islam se comprend lui-même.

Rémi Brague est professeur de philosophie aux Universités de Paris I-Sorbonne et de Munich, auteur notamment de Europe, la voie romaine et Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres. 

Dominique et Marie- Thérèse Urvoy répondent aux questions de la NEF

Dominique Urvoy
Source : La Nef n°196 de septembre 2008

Nous poursuivons notre enquête sur l’islam lancée dans le numéro de juin. Après Rémi Brague et Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Dominique et Marie-Thérèse Urvoy répondent à leur tour aux trois questions posées à chacun de nos intervenants : « 1) L’islam est-il intrinsèquement mauvais et dangereux, est-il totalitaire ? 2) L’islam a-t-il remplacé le communisme comme danger majeur pour l’Europe ? 3) Peut-on cohabiter pacifiquement avec l’islam, peut-on et doit-on dialoguer avec lui ? » L’enquête se poursuivra le mois prochain.

Tout d’abord ne pas confondre islam-religion et islam-civilisation, deux niveaux distincts de réalité qu’on ne peut légitimement désigner d’un même mot (à peine différenciés dans l’écriture et fusionnés dans la phonation) que dans la mesure où la civilisation s’est formée autour d’un noyau juridique issu de la religion. Cependant :
– l’aspect juridique ne couvre pas la totalité des actions humaines, même s’il prétend avoir vocation à le faire. Le croyant est tenu à respecter le binôme obligation-interdit ; il y a plus de latitude pour le binôme recommandé-déconseillé ; et il reste encore une très large marge de permis de façon neutre.
– il y a toujours eu tension entre les corps sociaux religieux et politique. Les oulémas, détenteurs du savoir (‘ilm) par excellence qu’est le savoir religieux, tendent à l’imposer en contrôlant les décisions du politique et toutes les activités du corps social. Le politique, généralement pragmatique, a donc souvent cherché à se dégager de ce contrôle.

Le Coran

1. Le savoir religieux est constitué autour d’un texte, le Coran, compilé pour l’essentiel durant une période d’un peu moins d’un siècle, qui contient des aspects très contrastés : miséricorde et violence ; prescriptions rigoureuses et indications d’accommodements ; haute spiritualité et réglementation minutieuse d’aspects très concrets de la vie ; etc. D’où la possibilité pour des individualités consistantes de présenter des aspects différents de la religion en privilégiant tel aspect sur son opposé.
Il y a eu presque toujours consensus pour considérer que la Révélation implique une loi (sharî‘a), des écoles juridiques tablant sur les possibilités d’accommodement (prise en considération de la meilleure solution [istihsân] ou de l’utilité pour la collectivité [istislâh]) et d’autres jouant l’intransigeance. Certains oulémas, prenant au sérieux leur rôle de régulateur de la vie des croyants, peuvent se montrer très humains ; d’autres rigoristes. Il est impossible de se prononcer sur les proportions des deux tendances. En revanche il y a la force des textes.
Or si le Coran est contrasté dans le détail, dans sa composition d’ensemble toute une série de procédés rhétoriques poussent le fidèle au-delà des formulations explicites dans le sens a) de l’omniprésence de la loi, b) du durcissement vis-à-vis de toute déviance, à plus forte raison de tout ce qui n’est pas soumission (sens du mot islam).
En outre, au cours de l’histoire, les choix qui ont été faits tant dans la vocalisation du texte coranique (le jeu des voyelles modifie la portée du ductus consonantique) que dans les traditions prophétiques pour sélectionner celles qui étaient jugées authentiques, sont généralement allés dans le sens du durcissement. Aussi le plus célèbre théologien sunnite, al-Ghazâlî (xie s.) a-t-il éliminé l’istihsân et l’istislâh des Sources du Droit. Le recours à ces procédés peut donc toujours être contesté.
Ainsi, malgré les réelles marges de manœuvre existantes, que tentent d’exploiter les musulmans modernistes, toute l’histoire de l’islam-religion, depuis la mise en forme du texte coranique jusqu’à la théorisation définitive des sources du Droit, est allée dans le sens de la constitution d’un système de pensée clos.

Au niveau pratique

2. Au niveau de la vie pratique, le conflit latent entre oulémas et politiques 
s’est traduit par des récriminations périodiques des premiers contre des actes des seconds jugés contraires à la loi religieuse, et par des efforts de ceux-ci pour essayer de neutraliser les premiers par le jeu des nominations officielles et des promotions. Mais dans les périodes difficiles l’issue a presque toujours été cherchée dans le renforcement de la sphère du religieux (cf., actuellement, le slogan « L’islam est la solution », et la formule du « gouvernement du faqîh »).
Malgré leur antagonisme de nature les deux sphères du religieux et du politique tendent donc périodiquement au rapprochement au bénéfice de la première. Quand ce rapprochement en arrive à la fusion, on a affaire à un État totalitaire (ex. l’Empire almohade au Maghreb, l’État mahdiste au Soudan, etc.).
De plus, tant les gouvernements que les simples croyants ont souvent tendance à aller au-delà des prescriptions effectives du Fiqh. Cela parce que, par-delà la lettre qui est complexe, l’esprit du Coran pousse dans ce sens simplificateur à l’excès, au moyen de procédés rhétoriques, invisibles à une simple lecture, mais dont nous avons montré la réalité dans notre étude sur L‘action psychologique dans le Coran.
L’ijtihâd (effort d’interprétation), auquel se raccrochent les modernistes, peut certes améliorer la situation sur des points de détail, mais il ne peut supprimer l’objection que « cela est inscrit dans le Livre de Dieu ». Il aboutit au mieux à des propositions de moratoires ; ce qui signifie que tout peut être remis en place dès que la situation le permet.
La solution proposée par ‘Alî ‘Abdelrâziq et par Mahmûd Muhammad Taha, de considérer l’islam comme un pur message spirituel, une pure religion intériorisée, où les prescriptions ne seraient que des indications symboliques, est sans doute la seule issue. Mais un tel choix a des implications drastiques, que ces penseurs généreux eux-mêmes n’ont pas vues, faute d’avoir approfondi la portée psychologique de l’organisation d’ensemble du Coran :
– il faut rompre avec le dogme du Coran parole même de Dieu dans sa matérialité, car c’est ce dogme qui le rend intouchable et qui fait que tout moratoire peut être levé ;
– il faut accepter une vision historique de ce texte comme collecte de témoignages sur Dieu (comme cela est généralement accepté pour la Bible).
Mais alors on se heurtera au risque qu’a bien vu le penseur moderniste Fazlur Rahman : supprimer l’aspect socio-politique de l’islam c’est en faire un simple moralisme. Or c’est bien le cas chez de nombreux musulmans, spontanément et souvent inconsciemment. Mais le besoin de garder une étiquette spécifique pousse les autres à conserver, sinon accentuer, les ferments négatifs.
L’islam a explicitement vocation conquérante. Qui l’emportera, des musulmans silencieux ou des activistes ? Et qu’est-ce qui empêchera les premiers de suivre les seconds par esprit de corps ? Dans les pays musulmans, cela ne dépend que d’eux. Chez nous, cela dépendra de notre capacité à résister aux menées manifestes et surtout à ne pas admettre, sous prétexte de générosité, des manipulations hypocrites.
Or il faut reconnaître que le dialogue avec les musulmans (non avec l’islam) connaît de nos jours des dérives. L’amour surnaturel (charité) dans le christianisme contraste avec la religion de groupe fermé à structure sacralisée dans l’islam. Les chrétiens se situent dans une logique théologale d’empathie sentimentale tandis que les musulmans réclament un cadre précis pour réaliser leur morale juridique. Dans la pratique le dialogue se réalise dans des équivoques (sur Jésus, sur l’amour de Dieu, sur l’amour du prochain, etc.) aboutissant à de graves erreurs théologiques. Abdelmagid Charfi a récemment dénoncé le caractère fallacieux de la Lettre des 220 imâms au pape qui n’aboutira qu’à des « sourires » sans plus. En 1976, le Cheikh d’al-Azhar disait, à propos d’une délégation du Vatican, que le dialogue était 

injustifié en pays musulman, car la loi islamique avait tout organisé au mieux, mais utile ailleurs pour assurer une meilleure situation aux musulmans. À quoi obtempèrent nombre de chrétiens praticiens du dialogue, qui vont jusqu’à souffler à leurs interlocuteurs les thèmes qui leur paraissent porteurs.

En résumé : 1) L’islam-religion a vocation totalitaire et donc l’Islam-société est potentiellement totalitaire. C’est seulement la vertu des hommes qui les en sauve ! 2) sous sa forme militante actuelle, qui a un impact infiniment supérieur aux formes dites modérées ou modernistes, l’Islam est bien le premier danger désormais pour l’Europe ; 3) s’il est possible de cohabiter avec les musulmans qui ont opté pour une pure religion intériorisée, cela est très difficile pour les autres, et impossible pour les activistes. Quant au dialogue, sa pratique est à revoir totalement.
Dominique et Marie-Thérèse Urvoy 

Dominique Urvoy est professeur de pensée et civilisation arabes à l’université de Toulouse-II et son épouse Marie-Thérèse Urvoy est professeur d’islamologie et d’arabe à l’Institut catholique de Toulouse ; ils ont publié ensemble L’action psychologique dans le Coran, Cerf, 2007, 103 pages, 13,90 euros. 

Conférences sur Lumière 101

La critique de la laïcité chez les intellectuels musulmans
De la consultation coranique et de la démocratie ordinaire
Benoît XVI et l’islam
Production et fonctionnement de la pensée arabe
Le juste en islam
Islam et citoyenneté
Islam et Démocratie
Ce qu’est devenu le dialogue islamo chrétien
Aux origines du dialogue islamo chretien
Dieu dans l’islam et dans le christianisme
La morale religieuse en islam
Le christianisme en Islam
Dominique Urvoy: L’amour du prochain dans l’islam et dans le christianisme
Dominique Urvoy : L’amour de Dieu
Marie dans l’islam
Jésus dans l’islam