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Roger Arnaldez















Aspects de la pensée musulmane

Le dialogue culturel et spirituel entre chrétiens et musulmans a une longue histoire. Roger Arnaldez, philosophe, islamologue et théologien, s’est toujours considéré au service d’un œcuménisme élargi aux trois monothéismes que sont l’islam, le judaïsme et le christianisme. Ses recherches et son enseignement l’ont conduit vers la pensée de al-Fārābī (873-950) et d’Averroès (1126-1198), grands penseurs musulmans de Bagdad et de Cordoue, ainsi que vers celle de leur homologue iranien Fahr al-Dīn al-Rāzī (1149-1209). Ce point de départ lui a permis de défendre l’idée selon laquelle un humanisme des croyants est toujours possible aujourd’hui, à l’instar de celui de la période quand foi et raison osaient s’affronter et entrer en débat, aussi bien en philosophie qu’en théologie.
Ces réflexions, accompagnées d’un travail sur divers épanouissements ascétiques et mystiques au sein des trois grandes religions, font que cette réédition des vingt et une études de Roger Arnaldez paraît aujourd’hui avoir toute sa pertinence. Publiées pour la première fois en 1987, elles constituent encore une approche particulièrement éclairante sur l’islam contemporain et sur ses ouvertures au dialogue.

Vrin - Études musulmanes
320 pages - 16 × 24 cm
ISBN 978-2-7116-2627-4 - novembre 2015







 
C’est une synthèse de ses travaux sur la pensée musulmane médiévale que propose Roger Arnaldez. Il s’attache, à travers un grand nombre d’études précises, à montrer la spécificité, l’originalité et l’actualité des sciences coraniques. Toute la pensée musulmane repose sur le Coran où s’y ramène par les commentaires. Selon la spécialité des commentateurs, les différentes exégèses sont marquées par des explications d’ordre philologique ou grammatical.
Roger Arnaldez montre comment les musulmans ont mis au point un certain nombre de sciences qui sont, à des titres divers, à la base des commentaires du Coran et du hadit. L’une de ces sciences est évidemment essentielle, c’est la grammaire qui permet la compréhension des textes révélés. Si bien que toutes les sciences coraniques reposent plus ou moins directement sur la grammaire et la philologie.
La pensée musulmane est ici située par rapport aux deux traditions dans lesquelles elle s’enracine, la source grecque et la source biblique, mais pour en montrer à chaque fois l’originalité. Les œuvres des grands auteurs de l’Isma font l’obejt de commentaires précis et détaillés. La question de la place de l’humanisme dans l’Islam est traitée de manière éclairante et stimulante.

Roger Arnaldez, membre de l’Institut, est islamologue et philosophe.

Vrin - Études musulmanes
288 pages - 16 × 24 cm



Remerciements d'un musulman au Pr Sami Al Deeb


Forum et site arabphone auquel participe Sami Al Deeb



Blog personnel de Sami Al Deeb :


J’ai reçu la lettre suivante que je publie avec ma réponse en rouge entre les paragraphes, sans faire mention du nom de l’expéditeur.
Bonjour mon cher Monsieur Sami,
Tout d’abord je me présente: XXX, âge de XXX ans, expatrié en France depuis XXX ans, travaillant dans le XXX. 
J’ai découvert avec un grand plaisir votre travail sur le coran et la critique du dogme musulman.
Je tiens ainsi à vous remercier pour vos efforts considérables dans l’étude du Coran. Vous apportez un regard nouveau et surtout libéré à un texte qu’on respecte certes, mais qui doit sans nul doute être étudié de manière rationnelle loin de toute croyance. Ce que vous faites avec brio! Et ce malgré les risques inhérents à une telle démarche. Vous vous attaquez aux tabous et libérez les esprits! Un grand merci à vous Monsieur aux noms de tous les musulmans.
Sami Aldeeb: Votre message me touche beaucoup et je vous remercie de votre amabilité. J’essaie d’apporter ma contribution malgré les risques dont vous êtes conscient. C’est un devoir moral envers la société arabo-musulmane dont nous venons tous les deux et envers la société occidentale dans laquelle nous vivons tous les deux.
Cependant, j’ai une question qui me taraude l’esprit concernant l’islam en particulier et les religions de manière générale: 
Les religions sont une pure création humaine. Je n’en doute pas un seul instant. Et croire en la révélation est, à mon avis, une altération intellectuelle qui déforme durablement les capacités de raisonnement d’un individu… 
Sami Aldeeb: Je partage entièrement votre analyse. C’est la raison pour laquelle je dis que la révélation n’est pas la parole de Dieu à l’homme, mais la parole de l’homme sur Dieu, exprimant ses désirs et ses idéaux, avec ce que cela peut comporter comme imperfections humaines. Rien en effet ne descend du ciel à part la pluie, les météorites et les excréments des oiseaux. Et parfois, un avion, qui tombe du ciel. Et si jamais vous voyez un livre descendre du ciel, sachez qu’il s’agit d’un livre qu’un passager a jeté d’un avion pour s’en débarrasser. Celui qui dit le contraire, sa place naturelle est la clinique psychiatrique. Et cela s’applique indistinctement à l’Ancien Testament, au Nouveau Testament, au Coran et aux Mille et une nuits.
Néanmoins, j’estime qu’il faut distinguer les différentes composantes de la religion: Légale, Culturelle et Spirituelle.
Donc, ne pensez-vous pas mon cher Monsieur, qu’il faut, dans la critique des religions, faire la part entre le légal (dimension légale/juridique), son application par les hommes (dimension culturelle) et enfin son utilisation à des fins spirituelles (dimension spirituelle)?
Sami Aldeeb: Je partage entièrement votre analyse. C’est la raison pour laquelle je publie le Coran par ordre chronologique (édition arabe et traduction française) afin de pouvoir dissocier la partie mecquoise moraliste (plus ou moins digeste) de la partie médinoise légaliste (que je considère toxique, pire que Mein Kampf de Hitler). Je mets en pratique la théorie du regretté Mahmoud Muhammad Taha, qui a proposé de laisser de côté le Coran médinois pour ne s’en tenir qu’au Coran mecquois. Ce penseur soudanais estimait en effet que le Coran médinois constitue une déviance de l’islam à caractère politique, correspondant à la mentalité belliqueuse du VIIe siècle et qui viole les droits de l’homme prônés à notre époque. Mais comme vous le savez, ce penseur a été pendu sur instigation de l’Azhar en 1985, à cause de cette théorie. J’ai écrit plusieurs articles et réalisé plusieurs vidéos expliquant ce point de vue. Ce faisant, je rejoins votre opinion, qu’aucun régime arabe ou musulman ne partage, hélas. Vous savez probablement que tous les ministres arabes de la justice ont signé en 1996 un projet de code pénal arabe unifié prévoyant l’amputation de la main du voleur, la lapidation, la mise à mort de l’apostat, etc. Vous pouvez consulter à cet effet mon ouvrage sur ce code. 
Je vous pose cette question car, ayant grandi au Maroc (au sein d’une famille musulmane), j’ai connu durant mon enfance un islam souple, soufi et spirituel. La religion servait surtout à maintenir la cohésion sociale et à pousser l’individu vers plus de bonté et de compassion.
Bien-sûr avec l’avènement des chaines télévisées satellites financées par les pays du Golf et notamment avec la vague de Wahhabisme qui s’est abattue sur la région, la pratique de l’Islam est passée de sa dimension sociale/spirituelle à une pratique formelle, militante et sectaire… Personne ne disait durant mon enfance que le paradis était aux musulmans seuls, ni que le Jihad armé était un devoir… Malheureusement tout a très vite changé…
Sami Aldeeb: Je ne suis pas sûr ici de pouvoir partager entièrement votre analyse.
1) Je connais une amie universitaire athée provenant d’une famille soufie d’Afrique du Nord. Sa famille la force à faire la prière et à jeûner pendant le Ramadan, la menaçant d’expulsion de la maison si elle ne s’y soumet pas.
2) Je ne pense pas que les musulmans de votre enfance pratiquant une religion qui, selon vos propos, «servait surtout à maintenir la cohésion sociale et à pousser l’individu vers plus de bonté et de compassion» acceptaient que leur fille musulmane épouse un chrétien sans lui imposer la conversion à l’islam… sauf probablement quelques exceptions qui confirment la règle. D’ailleurs, un tel mariage reste interdit par le Code de la famille marocain. 
3) Ce que prône la vague du Wahhabisme ne diffère en rien de ce qui figure, par exemple, dans l’ouvrage juridique du malikite Averroès, pourtant présenté comme un philosophe éclairé. L’EI ne fait qu’appliquer l’islam tel qu’il était enseigné par ce juriste et tous les autres juristes classiques musulmans, quelle que soit leur école respective. Je vous renvoie à cet égard à mes deux ouvrages sur le jihad et la jizya, où je reproduis j’analyse les exégèses depuis le début de l’islam jusqu’à nos jours.
4) Une telle concordance entre les savants d’époques et de territoires si divers devrait aussi nous suggérer que le matériel de base contient un message très univoque, quand on prend la peine de l’étudier dans son ensemble et avec rigueur, comme l’ont toujours fait les grands juristes et exégètes. Ainsi, si l’on accepte le principe voulant que le Coran peut guider une évolution spirituelle, ne risquons-nous pas de favoriser l’émergence, plus ou moins rapide, des doctrines que l’islam a toujours prônées?
Il faut ainsi faire face à cette dégradation et critiquer les dogmes religieux de manière frontale. Mais sommes-nous obligés de s’aligner sur le modèle occidental pour le faire? Surtout si on admet que la spiritualité est un besoin humain qui n’appartient à aucune religion mais qui découle de la nature même de l’homme.
Sommes-nous contraints de rejeter le tout? Alors que seul le coté légal pose problème et celui-ci peut facilement être écarté dès le moment que l’on fait comprendre aux musulmans que le coran est un recueil de textes humains et non pas une parole divine. Et que les lois doivent avant tout être adaptées à l’époque et à son évolution.
Comment ne pas perdre notre spiritualité tout en se débarrassant de la religion? La méditation, la charité, la prière, la compassion, le contentement… sont toutes des pratiques spirituelles nécessaires à une vie équilibrée et à une société humaine saine. Comment pouvons-nous les protéger et les libérer de la religion?
Comment pouvons-nous faire comprendre à une jeunesse musulmane, déçue, en colère et surtout pleines de frustrations, que la religion est une partie du problème et non pas la cause de tous les maux? Comment leur expliquer qu’on peut se libérer de la croyance religieuse sans perdre la quête du bien, de soi, du bonheur… 
Car j’ai l’impression que notre jeunesse, dépitée par la réalité du monde musulman et ébahit par le modèle occidental, crois que le pure matérialisme est la solution… alors que ce dernier a montré ses limites sur pleins de sujets et qu’on peut, surtout à une période charnière comme la nôtre, inventer un modèle libéré et plus humain sans tomber dans les travers du libéralisme matérialiste et sauvage. 
Comment pouvons-nous persuader les musulmans convaincus, que faire évoluer les lois et libérer les sociétés n’est pas forcément synonyme de pertes des valeurs morales nobles et des liens familiaux? (Bien que les musulmans manquent terriblement de valeurs ces derniers jours et résument souvent celles-ci au respect de la maman et à la sexualité…)
Et enfin comment relativiser les critiques? Car il y a une large différence entre le dogme, son application et son appropriation par les populations qui restent avant tout humaines et qui s’adaptent donc, avec plus ou moins de souplesse… Par exemple la place de la femme dans la société est très différente entre l’Arabie saoudite (origine bédouine) et mon beau Maroc (culture berbère méditerranéenne), entre les années 70 du siècle dernier et l’actuelle décennie…
Bien-sûr le côté légal et le caractère révélé de la religion tirent le monde musulman vers le bas (poussés dans cela par les politiques, le capitalisme, l’ignorance…), mais je maintiens mon point : il faut relativiser et trier…
Mettre tout dans le même panier, peut être comparé, à mon avis, à la réaction d’un adolescent qui commence à comprendre que ses parents ne sont pas parfaits et qu’ils lui restreignent ses libertés et qui donc, les considère comme les pires des idiots…  alors que malgré leurs défauts, il leur doit sa vie et sa survie…
Ainsi, les religions ne sont pas parfaites, elles ont causé beaucoup de torts, mais elles font partie de nos cultures et de notre Histoire. Il suffit donc de réfuter le caractère révélé de celles-ci, pour qu’elles deviennent un héritage historique comme un autre qui appartient à son temps et à son époque  (Les nordique arrivent bien à faire des films et des séries sur les violents et sanguinaires Vikings sans que cela ne choque personne car… ils ne sont pas sacrés et appartient à leur époque… alors pourquoi pas nous?!)
Sami Aldeeb: Je partage entièrement votre idée que «la spiritualité est un besoin humain qui n’appartient à aucune religion mais qui découle de la nature même de l’homme».
Je ne demande pas aux musulmans et aux non-musulmans de la région à laquelle nous appartenons tous deux de «s’aligner sur le modèle occidental dans la critique des dogmes religieux», mais de s’aligner sur les principes des droits de l’homme, universellement reconnus, en prônant la voie proposée par le regretté Mahmoud Muhammad Taha exposée plus haut. Cette démarche permettrait de favoriser une opinion plus différenciée, nuancée, de la «révélation» et ainsi de progresser vers un avenir enfin libéré de certains poids du passé.
Ainsi, en recommandant de s’en tenir au Coran mecquois et d’abandonner le Coran médinois, je ne propose pas de «tout rejeter» ou de «tout mettre dans le même panier», mais de faire une sélection éclairée et d’écarter seulement la partie toxique du Coran et de la religion musulmane, partie qui est la cause des tensions sanglantes entre les musulmans et les non-musulmans et dont les premières et principales victimes sont les musulmans eux-mêmes.
J’espère que je n’étais pas trop long et je m’excuse de vous déranger avec cet email. 
Je sais que du haut de mes XXX ans, je n’ai ni le recul ni le discernement nécessaires pour répondre à de telles questions … c’est pour cela que je me tourne vers votre sagesse mon cher Monsieur Sami.
Je vous remercie encore! Sachez qu’on vous porte dans notre cœur et qu’on vous sera éternellement reconnaissants pour votre travail. 
Ne vous laissez surtout pas abattre par les critiques et insultes … Vous apportez à l’islam plus que tous les cheikhs musulmans réunis. Et une personne qui a votre merveilleux rire ne peut être que profondément bonne 
Que Dieu vous garde (pas celui de la religion mais celui de la beauté  )
Respectueusement,
Votre élève et fils, XXX
Sami Aldeeb: Je tiens ici à vous remercier de vos aimables propos et j’espère que j’ai répondu, au moins partiellement, à vos questionnements, sans vous blesser.
Sami Aldeeb, Professeur des universités
Directeur du Centre de droit arabe et musulman
Editeur du Coran en arabe et traducteur du Coran en français par ordre chronologique, et auteur de nombreux ouvrages
www.sami-aldeeb.com
www.blog.sami-aldeeb.com
Je vous prie de diffuser cet article partout où vous pouvez.


Si Hamza Boubakeur : Traité moderne de théologie islamique




S’'il fallait lire un livre - et un seul - sur l'islam ...

je conseille le manuel de Si Hamza Boubakeur, père du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur :
Traité moderne de théologie islamique Broché – 16 octobre 2003
Si Hamza Boubakeur
486 pages
Editeur : Maisonneuve et Larose;

Si Hamza Boubakeur, de son nom réel Aboubakeur ben Hamza ben Kadour, est un homme politique français et religieux musulman né le 15 juin 1912 dans l'oasis de Brezina à Geryville et mort le 4 février 1995 (à 82 ans) à Paris.
Hamza Boubakeur est adhérent de la SFIO et Guy Mollet le nomme recteur de la Grande Mosquée de Paris, succédant à Si Kaddour Benghabrit de 1957 jusqu'à la prise en charge de la mosquée par Cheikh Abbas Bencheikh el Hocine en 1982.
Maître soufi et fin théologien, Hamza Boubakeur est un traducteur et commentateur du Coran en 1972, sa traduction réputée étant encore diffusée en Afrique.

Jean-Paul Charnay La Charîa et l'Occident




Pour une présentation du problème de la part du juridique dans l""islam" et les questions sur l'évolution possible ou PAS :

un bref ouvrage d'un auteur plutôt marxiste et régulièrement invité parOumma.com , Jean-Paul Charnay, CNRS, auteurs de nombreux ouvrages sur le droit islamique :

https://www.amazon.fr/Char%C3%AEa-lOccident.../dp/B003XF21WY


La Charîa et l'Occident Format Kindle
de Jean-Paul Charnay (Auteur)

""Les évènements postérieurs au 11 septembre 2001 ont mis en lumière des divergences culturelles et politiques que chacun prétend vouloir résoudre en convertissant l’autre à ses propres valeurs. D’un côté, l’Occident prêche démocratie, droits de l’homme, libération des femmes, laïcité de l’enseignement et de l’autre, l’islam se réfère à une révélation intangible dont est issue, en grande part, la charîa, ce réseau comportemental, social, juridique et religieux, indissociable de la Parole divine transcrite dans le Coran, qui régit intégralement la vie du croyant et assure son salut. L’imprégnation occidentale sur les sociétés musulmanes – intérieures comme extérieures – a induit, en leur sein, de graves tensions qui ont aujourd’hui dégénérées en conflits sanglants. Au cœur du débat interdit, la charîa dont la moindre variation constitue, pour une partie des peuples musulmans, une véritable hérésie tandis que, pour les autres, l’islam ne peut survivre dans le monde contemporain sans évoluer. Bien au-delà des problèmes d'interprétation de quelques versets, il s'agit, avant tout, d'une remise en cause de l'essence spirituelle et de la force légale du Coran.
En préambule de la théorie du « choc des civilisations » promue par certains commentateurs occidentaux, La Charîa et l’Occident pose, ici, la question d’un nouveau schisme de l’islam.

Jean-Paul Charnay est directeur de recherche au CNRS ; fondateur à la Sorbonne, et président du Centre de philosophie de la stratégie ; et auteur, notamment, de Critique de la stratégie ; L’Islam et la guerre ; Islamic culture and Socio-economic Change ; Les Contre-Orients ; La vie musulmane en Algérie ; Sociologie religieuse de l’Islam ; Principes de stratégie arabe."

"Né en France le 18 juillet 1928 et décédé le 13 mars 2013 en son domicile parisien, Jean-Paul Charnay passe ses jeunes années en Algérie où il étudie le droit français et le droit musulman. Il exerce diverses professions juridiques, puis s’intéresse à la sociologie, l’histoire et la stratégie. Il soutient à Paris ses thèses de doctorat avec succès (lettres et sciences humaines, droit, science politique). Collaborateur de Jacques Berque, avec qui il publie des ouvrages et des études2 , Jean-Paul Charnay qui a vécu plus de vingt ans au Maghreb fut témoin des bouleversements des empires coloniaux"
"1981, Prix de l’Amitié Franco-Arabe, pour son ouvrage « Les Contre-Orients ou comment penser l’Autre selon soi », Paris, éd. Sindbad 4, décerné par Geneviève Moll représentant le président du jury, lors du vernissage des œuvres du peintre algérien Farid Lariby, en présence de Mmes Germaine Tillion et Eva de Vitray-Meyerovitch.""
(wiki)

A méditer une remarque désabusée de ce vieux maître maintenant, dans cet ouvrage :
" plus qu'avec les Autres, l'Occident ne cesse de dialoguer avec lui-même".

« Droit public musulman, Aspects classiques et contemporains » Mohammed MOUAQIT






 ( mes ajouts sont entre crochets)

« Droit public musulman
Aspects classiques et contemporains »
Pr Mohammed MOUAQIT
Docteur d’Etat en sciences politiques (PARIS II), professeur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Université Hassan II, Casablanca.
Editions Afrique Orient (de Casablanca), 2011 ( 189 pages) :

Table des matières :

Chapitre 1 : les bases idéologiques, intellectuelles et historiques du droit public musulman

Section 1 : les basses politiques de la Révélation, Islam et rapport au politique

1 – Souveraineté de Dieu et Mulk   «  Dans l’ordre des représentations, celle d’un Dieu SOUVERAIN ET LEGISLATEUR est le déterminant premier de la signification politique du message fondateur islamique ( il en est ainsi aussi dans le judaisme [ je confirme]. » « Dieu étant Législateur, le « mulk » politique ne peut donc être le vrai législateur, au sens de créateur de lois : il ne peut être qu’interprête éventuel de la Loi, ou, quand la loi est silencieuse, un législateur secondaire, c’est-à-dire dont la législation doit être dérivée des/ou subordonnée aux / principes fondamentaux et généraux de la législation divine » « La loi divine incarne un idéal moral eschatologique. L’ordre politico-social des humains devrait s’y conformer, soit que les humains s’y soumettent de leur propre gré  et par leur conviction, soit qu’ils y soient contraints. L’idéal moral islamique prend forme dans un dispositif normatif , la Sharia , et, dans un « impératif catégorique » qui est celui de « la prescription du Bien et de la proscription du Mal » ( al amr bil-ma ‘arouf wa nahy ‘an nahy ‘an al-munkar) [ « Deu a dit » : Coran 3.110 : [Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes : vous ordonnez le convenable et vous interdisez le blâmable.]. L’idéal normatif de la Sharia assigne à la fonction de commandement, donc de pouvoir politique, un statut de « lieutenance » 

2 Obéissance aux détenteurs de l’autorité  «  L’obéissance est due, en principe tout au moins, seulement aux détenteurs de l’autorité qui sont eux-mêmes en état d’obéissance au Dieu ».

Section 2 : L’expérience prophétique : l’ Etat de Médine
Section 3 : Le Califat
Section 4 : les bases intellectuelles du « Droit Public musulman » : la thélogie, la pensée politique, le fiqh
Section 5 : la constitution historique du « droit public musulman » : le sunnisme, le shi’isme

Chapitre 2 : Principes de constitution et d’organisation politique de la communauté musulmane

Section 1 : le califat
Section 2 : l’ordre public musulman :la sharia, le urf [ coutume ], l’ordre administratif, normativité islamique et principe d’administration
Section 3 : L’organisation institutionnelle et administrative de l’Etat califal : les wilayats politico-administratifs ( vizirat, émirat), les wilayat de judicature ( qadi)

Chapitre 3 : le « droit public musulman » entre passé et présent

En Annexe : Fatwa du Conseil supérieur des Oulémas marocain concernant l’Intérêt Temporel (Almaslaha al murçala) 2005.

Passages de cette Fatwa :
« La présidence de l’Etat en Islam se distingue de celle des autres Etats dans la mesure où celui qui en est investi prend le nom d’imam suprême » « De ce fait, le chef de l’Etat islamique est aussi bien un chef religieux qu’un chef politique. »
«  La Loi islamique (charia) est forte de fondements de l’ijtihad en devenir, qui lui permettent de déduire des normes concernant la vie des gens. Cette déduction provient de la pratique du qiyas (raisonnement par analogie), de la préservation de l’intérêt général, l’éviction des allégations tendancieuses (Saddu Addarai), la prise en compte du litige, sa résolution ainsi que de nombreux autres fondements (usul) qui ont assuré à la jurisprudence islamique la souplesse et la capacité à assimiler les faits. Les jurisconsultes musulmans discernaient lucidement entre les normes (ahkam) établies directement par référence au Texte et celles auxquelles ils parviennent par l’effort, effort passible d’une épreuve d’opinion. »
«  Dieu a voulu que le fiqh soit ouvert sur diverses opinions et visions issues de l’ijtihad. » «  Des théories nomreuses se sont constituées sur la base de la pluralité du fiqh. Elles ont concouru à le fonder et à l’orienter, à l’image de la théorie corrective de l’ijtihad au non du rationnel, la théorie de la similitude et la théorie de l’équivalence des arguments, et d’autres ont visé de réguler la pluralité afin de sauvegarder l’unité de pensée de la Umma ».


Hamid Zanaz : " D'où vient la violence islamique ? "




https://leseditionsdeparis.com/collection/actuels/Dou-vient-la-violence-islamique

D’où vient la violence islamique ?
A travers divers interviews accordés à des journalistes de la presse internationale et à quelques sites français, Hamid Zanaz nous donne les clés nécessaires à la compréhension de l’islamisme et son bras armé : le terrorisme. Ce spécialiste de l’islam déconstruit un mythe partagé en France par les médias et les politiques qui, par opportunisme et lâcheté, refusent de voir en l’islamisme l’ombre portée de l’islam. L’auteur passe au scalpel le slogan du « rien à voir », démontrant aux journalistes algériens, russes, suisses, arabes, kurdes, italiens l’impossibilité d’adapter le dogme islamique aux exigences des temps modernes. Une pensée à contrecourant du politiquement correct français. Les réponses d’Hamid Zanaz aux questions posées apportent un nouveau regard sur les problèmes posés par l’islam à la laïcité, aux droits de l’homme, à la démocratie, au rôle de la femme, à l’esprit critique…Au fil des interviews, l’auteur évoque nombre de questions brûlantes souvent esquivées ou censurées dans les débats médiatiques : l’islam peut-il être réformé ? La théorie du choc des civilisations est-elle fondée ? Est-il vrai que ce sont certains États arabes et d’autres pays musulmans qui islamisent les sociétés et enseignent l’intégrisme à l’école Peut-on se demander si le djihad guerrier, loin d’être une déviance de l’islam, n’en serait pas le coeur ? Qu’en est-il des « révolutions arabes » : manipulation ou mouvement populaire récupéré ? Qu’en est-il enfin de la menace islamiste pesant sur l’Europe, des porteurs de valises français de l’intégrisme terroriste ?À la différence de la plupart des chercheurs, l’auteur ne s’interdit pas de pointer dans l’islam les raisons endogènes qui facilitent l’apparition d’une religiosité violente.Ce livre, comme les précédents livres d’Hamid Zanaz, est un manifeste libertaire contre la doxa imposée par la gauche et la droite pour tout ce qui touche à l’islam et à ses dérives sectaires en France et en Europe. Un livre qui s’attaque à la racine du mal islamiste et dénonce les illusions des peuples comme les rassurantes explications des élites au pouvoir.

Date de parution: 13 octobre 2016

Marie-Thérèse Urvoy : interview sur son livre " Islam et islamologie "

Marie-Thérèse Urvoy sur le dialogue "Islam - Chrétienté"

 / Radio Courtoisie 2016 Marie-Thérèse Urvoy invitée de Bernard Antony le 08 juin 2016 dans le Libre Journal de la résistance française de Radio Courtoisie. Le dialogue "islamo-chrétien" est largement évoqué durant cet entretien.

 


Livre de Marie-Thérèse Urvoy : Islamologie et Monde islamique juin 2016


Islamologie et Monde islamique

Collection Religions
432 pages - juin 2016 -

Présentation par l'éditeur :
Qu’est-ce qui définit fondamentalement un musulman ? Qu’est-ce que l’islam ? Qu’est-ce que le fait islamique ?
Alors que l’islam est de retour depuis quelques décennies sur la scène du monde, nous restons encore dans l’incapacité d’analyser cette forme de vie qui concerne pourtant plus d’un milliard d’êtres humains. C’est que, affirme Marie-Thérèse Urvoy, le terme « islam » recouvre à la fois une civilisation et une religion.
Or, de même que la chrétienté, tout en se réclamant du christianisme, le débordait largement et englobait nombre de traits fort peu chrétiens, de même l’islam a regroupé des pays qui, tout en se référant à la religion islamique, ont adopté bon nombre de coutumes fort éloignées de la seule foi.
La grande islamologue Marie-Thérèse Urvoy débrouille dans ce maître-ouvrage cet écheveau : explorant toutes les facettes de cette religion-civilisation, sans jamais porter de jugement, elle découvre au lecteur attentif un univers gigantesque, océan de quatorze siècles où s’allient, se croisent et parfois se contredisent foi, traditions, coutumes et théologie.
Un ouvrage indispensable.
Professeur d’islamologie, d’histoire médiévale arabe et de langue arabe classique, Marie-Thérèse Urvoy enseigne à l’Institut catholique de Toulouse et à l’université Bordeaux III-Michel de Montaigne. Elle a publié notamment aux Éditions du Cerf La Mésentente (2014).

Commentaire critique du livre de Adrien Candiard et d'une tribune de Koz sur le Pape


J'ai voulu prendre connaissance d'un livre récemment paru aux éditions Flammarion, d'un jeune dominicain. Déception pour le moins ...
Voici la critique de son livre ainsi que d'un de ses articles qui expose ses raisonnements sur le sujet.
Ce prêtre approuve une tribune de Koz, que je trouve également porteuse de logiques défectueuses.
Sur la notion d'essentialisation, je rappelle mon article " Esssentialisation et islamophobie, même sophisme  "
http://www.gaucherepublicaine.org/_archive_respublica/2,article,1534,,,,,_Essentialisme-et-islamophobie-meme-sophisme.htm
http://sepharade2.superforum.fr/t6628-essentialisme-et-islamophobie-meme-sophisme-elisseivna

ci dessous aussi réponse à son interview dans le figaro


CRITIQUE DU LIVRE


A propos du livre de Adrien Candiard «  Comprendre l’islam ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien » Champs Actuel Flammarion 2016.

Mon   énervement commence par le sous-titre et son ambiguité «  pourquoi on n’y comprend rien ».  Il pourrait vouloir dire : mais voilà les moyens de comprendre, du moins d’y comprendre quelque chose, au moins autant que les savants musulmans eux-mêmes, qui s’arrêtent modestement là où « dieu sait mieux ».

Il peut vouloir dire aussi, que l’on ne peut « rien » y comprendre, du moins pas l’essentiel. Et c’est bien cette perspective là qui est presque aussitôt assénée : circulez y a rien à voir, ne cherchez pas l’essence de l’islam.

Précisons, j’ai bien compris : c’est une « erreur » « de croire qu’il n’existe pas ». Il existe, mais il n’a pas d’essence et il ne faut pas « l’essentialiser »…
… sous peine de :

1         « croire d’abord que les musulmans ne sont que musulmans » (p19): et allons-y : Marcuse et l’homme pas unidimensionnel, connait pas, et chercher une « essence » de l’islam, (les éléments essentiels de la doctrine islamique),  ce serait la plaquer sur les musulmans contraints de s’enfuire pour ne pas finir aplatis en « Toons »….

2         Adopter l’interprétation salafiste et ignorer les variantes culturelles et théoriques de l’islam :
Par exemple au sujet du djihad, « trouver que le salafiste aurait raison, parce qu’ainsi au moins nous serions fixés » (p24), alors que pour le professeur, maître de ses peurs, entre les différentes versions sur ce sujet, « qui a raison ? bien malin qui peut le dire »

3         Proférer différentes inepties utilisées pour dénigrer l’islam :  il serait littéraliste et il interdirait l’interprétation et l’adaptation (ijtihad), parce que le texte du coran est censé venir de dieu, il exclurait la raison, il interdirait la diversité de règles dans la voie de dieu, il confondrait totalement politique et religieux …

Ce sont effectivement des inepties trop répandues dans des discours caricaturant l’islam, et dont la première est très drôle à entendre quand on est juif :
en fait évidemment le contraire exactement est vrai : c’est parce que le texte vient de dieu qu’il contient jusque dans sa forme et le choix des mots et des lettres, des significations à déchiffrer, rechercher, des messages dans le message, dans certains cas difficilement et dans le temps par les humains …

L’islam sur lequel les musulmans s’accorderaient serait réduit à :
-          la profession de foi : « « croire qu’il n’y a qu’un dieu et que Mahomet est son prophète
-          « que le Coran témoigne d’une manière ou d’une autre de la volonté de Dieu pour les hommes,
-          qu’un Jugement divin nous attend au dernier jour.
-          Ajoutez la croyance aux anges et c’est à peu près tout. » (p 23)

Et il faudrait renoncer à chercher «  une essence éternelle et stable » de l’islam (p21).

D’ailleurs il n’y aurait pas de raison fondamentale de s’inquiéter puisque :

-          « Un juriste classique vous dira … le plus souvent que le jihad est défensif » (p24)
-          L’islam est compatible avec la démocratie puisqu’il est compatible avec la séparation du politique et du religieux et l’adoption de lois civiles « instituées par des procédures non religieuses »
L’auteur conclut sur un espoir fondamental : «  il existe dans la tradition musulmane une radicalité plus profonde, plus authentique, qui peut être, comme le proposent certaines voies musulmanes, une radicalité spirituelle : la recherche de Dieu en soi, la rencontre de Dieu dans la prière personnelle plutôt que dans l’attentat suicide … »
La vision que l’auteur a de la démocratie est fausse. Dans la démocratie la loi vient du peuple. Dans l’islam le législateur est : Dieu. Quand le calife exécute les lois défini par les oulémas, il a une forme de séparation du religieux et du politique, mais pas de démocratie. Dans les « démocraties » islamique, le peuple ne peut choisir que dans les bornes des lois édictées par Dieu. Et quand il s’en éloigne ou quand un monarque «libéral » s’en éloigne, des révolutions de plus orthodoxes viennent renverser les « dictateurs ».
Mais le plus grave n’est pas là. Il est dans la description des caractères « essentiels » de l’islam,  caractères non pas « éternels » mais existant depuis sa création, reconnus par tous les musulmans. L’auteur oublie la loi islamique, le fait que la loi islamique :
-          A un contenu précis défini, (même s’il est largement discuté), et non pas seulement un objectif,
-          Et est juridique, c’est-à-dire destinée à s’imposer par la force.
Or c’est à cause de ce contenu qui fait partie du cœur nucléaire de la doctrine islamique, qu’aucun musulman ne conteste sérieusement, théoriquement, que l’islam est dangereux.
Il y a des musulmans qui veulent la laïcité, mais aucune proposition théorique convaincante ne fait reposer cette idée sur les textes. D’où la persistance du danger, la persistance de la volonté des musulmans observants d’imposer la loi islamique par la force.

Ce livre occulte ce problème majeur. Evidemment, ce faisant, et montrant les travers ridicules en effet de certaines critiques de l’islam, il est bien accueilli. Mais il est profondément trompeur et donc scandaleux.


UN ARTICLE de Adrien Candiard et mes observations 

L'article : 

Ma critique :

Ce que je trouve insupportable dans son attitude en tant que doctorant, est qu’il empêche toute possibilité de légitime défense, adaptée à la situation, en commençant par obscurcir la connaissance du réel. Connaissance qui est la condition de prise de décisions justes et efficace, préservant les vies.

Il est dans un « dialogue » qui n’aboutit qu’à paralyser les décideurs européens, et fait en définitive prévaloir toutes les demandes musulmanes, à commencer par l’accès au territoire, y compris les plus risquées pour la vie des européens.

Est-ce qu’il n’a aucun esprit de synthèse ou n’a lu aucun des auteurs qui présentaient des synthèses et des classifications des systèmes de pensée ?

 Cf: le professeur René David, auteur du classique « grand systèmes de droit contemporains » chez Dalloz, parle des trois droits religieux : juif, musulman et hindou. 

Droit + unicité + application universelle = guerre. Dans le droit juif il n’y a pas l’application universelle et dans le droit hindou il n’y a pas l’unicité.

La connaissance de la complexité n’a jamais interdit l’esprit de synthèse, la recherche des caractéristiques  principales, des distinctions déterminantes et des classifications de systèmes de pensée (tout en reconnaissant exceptions et particularités individuelles). 

Sauf à rester dans une pose précieuse d’observateur qui paralyse toute possibilité de prise de décision adaptée en taxant les décideurs de simplification abusive. Une pose pédante post-moderne qui refuse de voir un sens autre que celui apparaissant dans chaque esprit individuel.

Cette pose là, avec ce jugement clairement exprimé de condamnation d’une supposée « essentialisation », mot signifiant racisme depuis Pierre-andré Taguieff, est insupportable.

Ce que je trouve être un point essentiel dans l’attitude des premiers chrétiens était précisément de poser clairement publiquement l’existence d’une discordance radicale de vue, et non pas de l’occulter pour avoir la paix et ne pas se donner le mauvais rôle du critique.  

« On vous a dit cela, je vous dis cela. Je sais le sens de ce que l’on vous a dit.  Mon propos n’est pas le même, pas pareil, il dit même le contraire. » 

Occulter le problème de la doctrine islamique sous prétexte qu’on n’y pourrait rien comprendre, est précisément le contraire de cette attitude.

Dans cet article Adrien Candiard accentue obscurciement et condamnations, en perdant cette fois au contraire tout esprit de nuance et de distinction et de discernement … :  il dit qu’il ne faut pas refuser les refugiés mais il faut refuser les identitaires, qu’il faut condamner l’idée qu’il serait impossible d’être européen et musulman.

Or il faut refuser l’aide aux réfugiés « n’importe comment » sans souci de sécurité. Si,  Il EST impossible d’être européen et musulman observant, cela ne le sera que quand l’europe aura été conquise par l’islam. Les identitaires sont certainement le contraire de chrétiens intégrals, mais s’ils sont les seuls à s’occuper de légitime défense , leur action est peut être plus juste que celle de chrétiens qui laissent des innocents sans défense.

Il faut aussi distinguer rencontre et négociation. On peut rencontrer tout le monde, nous cotoyons au quotidien tout le monde dans la vie courante, mais avec des gens pour qui il n’y a jamais de « paix » tant qu’ils n’ont pas obtenu « la » justice qui ne peut se distinguer de l’application intégrale de leurs normes, seules justes, la négociation est un leurre, elle ne peut être que piège et moyen de manipulation et de pression.

C’est presque drôle de trouver les mêmes défauts, snobs et creux, que ceux du discours « genre » dans les écrits d’un prêtre.


L'ARTICLE DE KOZ SUR LE PAPE 

La tribune :
Le pape n’est toujours pas un chef de guerre
Ma critique : 
Le choix n'est pas entre identitarisme et chrétienté, entre guerre et mensonge ou entre guerre et confusion, le choix est entre se décider à comprendre comment empêcher réellement la poursuite de la guerre actuelle, ou rester dans l'autosatisfaction et la paresse. 

La confusion et l'ignorance sur l'islam créent les conditions de la guerre, des guerres, et c'est contre la confusion et l'ignorance que tous les chrétiens devraient d'abord se mobiliser intellectuellement, mentalement, au lieu d'accuser identitaires ou autres. 

Koz prête au Pape une clarté qu'il n'a pas en fait, et devrait avoir, et en plus il en rajoute lui meme dans les confusions ...(!). 

Accuser les identitaires non plus n'empêche pas la guerre. 

Toutes nos erreurs et ignorances sur l'islam (entre autres données de la guerre) créent et renforcent les conditions du jihad et du terrorisme, car " à un contre 2 sinon deux cent vous vaincrez PARCE QU' ILS NE COMPRENNENT PAS." !

Je pense comme le "fils du Hamas", devenu chrétien d'ailleurs, : " Quand le chef du monde libre dit que l'islam est une religion de paix, il crée le climat pour créer plus de terrorisme - je voudrais pouvoir dire des choses plus gentilles, mais je viens de l'enfer !" Mosab Hassan Youssef

***
COMPLEMENT SUR LE LIVRE DE A. CANDIARD : 

Il passe à côté de l'essentiel qui est l'aspect juridique de l'islam, correspondant l'adoration de la force et la vision d'un dieu qui aime la force et la mort dans l'islam, ce que l'on peut voir dans n'importe quel ouvrage de droit comparé ...

et 2- qu'il rentre dans le jeu de la censure islamique, de la guerre judiciaire et politique des militants de l'islam en utilisant le concept d'"essentialisation", qui est un outil d'accusation de " racisme", et un moyen de faire condamner pour "incitation a la haine raciale", c'est donc TRES grave judiciairement,

et 3 – je lui reproche de décourager de comprendre l'islam, ce qui est extremement grave, car c'est vrai qu'il faut du temps, mais pas des siècles tout de meme,

et il est parfaitement FAUX de dire qu'il y a tout et son contraire dans l'islam sur tous les sujets, alors qu'en fait, il y a des principes essentiels cohérents, et en marge, sur certains points des vues sectaires,
mais il est possible, EN AYANT lu les textes reconnus par tous les oulemas (ou presque...) de distinguer ce qui est coherent avec les principes essentiels et ce qui ne l'est pas,

les Mormons sont chrétiens et (étaient) polygames, mais n'importe quel lecteur d'Isaie et des évangiles et de Paul peut voir que leur justification de la polygamie sur l'ancien testament est tordue, de même, tout, absolument tout, dans le coran, les sunna de Muslim, Bouhkhari, la sira de Ibn ishaq, ibn isham, les principes d'interpretation communs aux ecoles, l'histoire de Tabari ensuite :
tout confirme que le jihad est un devoir jusqu'a la conquête totale de la terre par la oumma,

et la différence, d'après ce que je comprends, essentielle entre islam et christianisme (comme judaisme), est que l'islam fait comme si dieu n'avait pas DEJA TOUT pouvoir matériel sur l'univers, alors que pour le christianisme ou le judaisme, dieu a tout pouvoir, de créer, de faire le déluge, d'envoyer les légions d'ange sauver son fils, mais le seul pouvoir qu'il n'a pas (pas entièrement) est de changer le coeur de chaque homme ou femme, puisqu'il a donné la liberté ...
c'est cette différence qui fait que tout le rapport a la force et au politique change ...


 J'ai dit que je trouve le livre d'Adrien Candiard scandaleux, en fait, je trouve CRIMINEL , quand on est un jeune religieux qui n'a que cela à faire, quand on est prêtre, de DESINFORMER à ce point et le Pape et ses confrères, c'est terrible !!!

-----------  INTERVIEW DANS LE FIGARO

MON COMMENTAIRE : 

Cet article comprend deux idees majeures ... surprenantes :
1- la norme violente ne serait pas "originelle" dans l'islam mais serait un fantasme des "salafistes" s'opposant à une tradition pacifique : 
ainsi les batailles menées par le messager relatées dans le coran seraient des fantasmes ? les conquêtes de la Mecque puis des premiers califes dits bien guidés seraient des fantasmes ? tous les historiens ont tous faux...?
Les théologiens de l'islam "classique" qui (quasi) tous reconnaissent comme source la Sunna "la tradition", avec ses récits détaillant les prescriptions violentes, seraient aussi ceux qui auraient pacifié l'islam (je n'ai pas bien suivi ...?)
2 - selon le coran le législateur est dieu, quel que soit l'organisation du régime politique meme quand le calife mentionné par le coran est remplace par une forme "démocratique" (cf Iran): il n'y a donc pas de séparation reelle du politique et du religieux, comme il peut y en avoir dans un royaume catholique ou le roi est inspiré eventuellement, mais ne sort pas la loi des evangiles ou il n'y en a pas de toute façon.
3- l'idée que l'interprétation des personnes est majeure ...
bien sur mais c'est demander beaucoup aux "interpretes", surtout quand on sait que l'enfer leur est promis s'ils se detournent des ordres donnés, en fait, c'est une injustice de leur en demander autant, au lieu de leur dire : ecoutez vos sentiments humains. 
Les musulmans ne sont pas aidés par leurs textes, leur histoire le montre, leur demander de résoudre la quadrature du cercle d'en tirer une loi pacifique ne me parait pas être tres charitable, je trouverais plus charitable de dire combien l'on comprend la difficulté ou ils se trouvent, de reconnaitre la bonne volonté de ceux qui la prouvent etc. Comprendre, au lieu de nier, la situation réelle de l'autre.

L'ARTICLE :  


«Le salafisme fantasme l'islam originel contre la tradition musulmane»


FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - L'islamologue Adrien Candiard propose une analyse nuancée de la crise qui traverse le monde musulman. Selon lui, le monde sunnite est divisé entre une version à la fois moderne et intolérante de l'islam - le salafisme - à un islam traditionnel nettement plus à l'aise avec la diversité.

Adrien Candiard, frère dominicain et membre de l'Institut dominicain d'études orientales (Le Caire), est islamologue. Il est notamment l'auteur de En finir avec la tolérance? Différences religieuses et rêve andalou (Paris, PUF, 2014) etComprendre l'islam. Ou plutôt: pourquoi on n'y comprend rien (Paris, Flammarion, 2016).»

FIGAROVOX - L'irréductible diversité de l'islam sert souvent d'argument pour mettre hors de cause le fait religieux. «Ce n'est pas l'islam» est un leitmotiv qu'on entend à chaque fois qu'une action déplaisante est commise au nom de l'islam. D'autre part, on assiste à une réduction qui consiste à considérer l'islam comme intrinsèquement violent. Comment échapper à ce double écueil?
ADRIEN CANDIARD - En période troublée, on cherche des réponses simples. Il faut pourtant admettre que l'islam - religion qui a quatorze siècles d'histoire, sur des territoires immenses, et qui compte aujourd'hui plus d'un milliard de fidèles dans des cultures très différentes - est une réalité complexe. Complexe ne veut pas dire incompréhensible, mais impossible à réduire à des formules paresseuses: «L'islam, c'est la paix», «l'islam,
L'islam offre une disponibilité à un usage violent. Cela ne fait pas de l'islam une religion violente par nature, car avec ces données, de très nombreux courants, nullement marginaux, ont pu et peuvent encore vivre un islam pacifique.
c'est la violence»… Des formules qui n'aident pas à comprendre, parce qu'elles réduisent l'islam à une de ses dimensions, un de ses courants, voire une de ses caricatures. L'islam n'a pas un «vrai» visage: il en a plusieurs, et nous n'avons pas à choisir celui qui nous convient. Ne pas reconnaître cette diversité et disserter sur la nature de l'islam en général, c'est en fait se contenter chercher la confirmation de ses propres aspirations, de ses arrière-pensées politiques ou de ses angoisses ; cela ne nous apprend rien sur l'islam.
Certains renvoient dos à dos la violence islamique et la violence d'autres religions. L'islam est-elle une religion spécifiquement violente? Cette violence est-elle à chercher dans le Coran, ou bien sa racine se trouve-t-elle ailleurs?
Chaque religion a ses propres défis par rapport à la violence. Dans le cas de l'islam, la difficulté tient d'abord à l'ambiguïté des sources à cet égard: on trouve, dans le Coran ou les hadiths, des appréciations très différentes de la violence - d'où d'ailleurs notre désarroi. Ces textes réclament donc une interprétation, et ils ont pu être, dans la tradition musulmane, interprétés de manières très différentes. De plus, l'imaginaire lié à l'islam primitif n'est pas un imaginaire non-violent. L'islam offre une disponibilité à un usage violent. Cela ne fait pas de l'islam une religion violente par nature, car avec ces données, de très nombreux courants, nullement marginaux, ont pu et peuvent encore vivre un islam pacifique. Tout texte appelle une interprétation, spécialement un texte religieux, et même ceux qui prétendent qu'il ne faut pas interpréter ne font en fait pas autre chose ; or l'interprétation est un acte éthique, qui engage la responsabilité de l'interprète. Le croyant n'est pas seulement le jouet d'un texte ou d'une tradition ; la violence peut être favorisée par un contexte, mais elle est d'abord un choix.
Vous écrivez que le schéma occidental hérité des Lumières, qui oppose la modernité rationnelle à l'obscurantisme de la Tradition est inopérant en ce qui concerne l'islam. Pourquoi?
La crise que traverse aujourd'hui l'islam, dont nous subissons les conséquences, ne nous est pas opaque seulement parce que nous connaissons mal cette religion ; c'est aussi que nous appliquons spontanément une fausse grille de lecture. On demande un islam moderne, donc forcément ouvert, contre la tradition nécessairement obscurantiste, alors que le conflit de légitimité très violent auquel on assiste oppose justement une version à la fois moderne et intolérante de l'islam - le salafisme - à un islam traditionnel nettement plus à l'aise avec la diversité. Tous les terroristes d'aujourd'hui sont issus de cette réforme moderne de l'islam qu'est le salafisme.
Le conflit de légitimité très violent auquel on assiste oppose justement une version à la fois moderne et intolérante de l'islam — le salafisme — à un islam traditionnel nettement plus à l'aise avec la diversité.
Le salafisme, loin d'être un mouvement conservateur, est un mouvement rejetant toute la tradition islamique?
Le salafisme naît du constat que l'islam sunnite traditionnel, celui des califes et des sultans, des juristes et des théologiens, des philosophes et des soufis, a échoué face à l'Occident. Si ce dernier a pu imposer sa supériorité dans tant de domaines, c'est nécessairement que les musulmans ont été infidèles à la vraie religion. Le salafisme est donc une tentative de retour, contre des siècles de tradition, à une origine fantasmée et reconstruite. C'est un refus de l'islam des parents et des grands-parents, un refus de l'islam classique et de ses formes populaires, au nom d'un très hypothétique islam des premiers ancêtres. Dire que le salafisme exprime la vraie nature de l'islam, c'est donc affirmer que les musulmans ne l'ont pas comprise pendant treize siècles! C'est aussi tomber dans le panneau du discours salafiste, croire qu'il exprime réellement l'islam originel.
On emploie souvent le terme «islamisme» pour qualifier toute forme d'islam fondamentaliste. Ce terme vous parait-il approprié? Quelle distinction apporteriez-vous?
On a forgé ce mot pour désigner des formes jugées extrémistes de l'islam, et la distinction entre islam et islamisme sert couramment — à juste titre — à éviter de faire porter le poids de la violence et du terrorisme à des millions de musulmans qui n'ont rien demandé. Toutefois, l'islamisme est un fantôme: personne ne s'en réclame. Ce qui existe, ce sont au moins deux types de mouvements très différents, que nous regroupons sous ce vocable alors qu'ils n'ont rien de commun. Il y a d'une part l'islam politique, représenté en particulier par les Frères musulmans, dont le but est de prendre le pouvoir pour appliquer dans un cadre politique moderne les normes d'une morale religieuse rigoureuse. D'autre part, le salafisme, qui n'est pas d'abord politique, entend créer une société différente, une contre-société dont le modèle est la communauté musulmane primitive de Médine. Ces mouvements n'ont ni les mêmes buts, ni les mêmes cadres de pensée, et ils ne touchent pas les mêmes personnes.
Une chose qui effraie dans l'islam est l'absence supposée de distinction entre religieux et politique. Est-ce une réalité dans l'islam historique? L'islam peut-il s'accommoder de cette distinction essentielle à la démocratie?
Cette impossibilité, en islam, de distinguer religion et politique est une aberration au regard de l'histoire, qui s'explique par l'adoption — parfois par des gens qui ne le soupçonnent pas — des thèses des salafistes, avec leur mépris souverain pour l'histoire. Les grands empires musulmans ont tous été traversés par cette distinction effective: le calife, figure censée incarner les deux dimensions, a été la plus grande partie du temps privé et du pouvoir politique, au profit de militaires (sultans, émirs…), et du pouvoir religieux, au profit du corps des ulémas. Avec la chute de l'Empire ottoman, après la Première Guerre mondiale, devant l'effondrement des cadres traditionnels, de nombreux musulmans entendent repenser le rapport du religieux et du politique. C'est le moment où se créent les Frères musulmans, en Égypte en 1928 ; c'est le moment où se structure la pensée salafiste ; c'est aussi le moment où un sheykh d'al-Azhar, Ali Abderraziq, qui n'a rien d'un admirateur de l'Occident, publie en 1925 un petit livre (L'islam et les fondements du pouvoir) où il exprime sa conviction, argumentée en théologie musulmane, que la révélation coranique ne dit strictement rien de l'organisation politique. Les débats du monde arabo-musulman sur la démocratie naissent dans cette période d'effervescence intellectuelle, où l'islam sert de référence à des positions bien différentes. Nous n'en sommes, à bien des égards, pas encore sortis. Pour comprendre les difficultés de la démocratie dans le monde arabe en particulier, il faut ajouter l'héritage complexe des colonisations, les illusions du nationalisme militaire et du socialisme tiers-mondiste, le retard de développement… La théologie n'est donc pas absente dans ces difficultés, mais en faire porter le poids à un islam intemporel, essentiel, c'est faire preuve à la fois d'amnésie historique et de naïveté.
Finalement, au-delà même de la violence religieuse, c'est la question des mœurs qui semble poser problème. La question de l'égalité hommes/femmes, à ce titre est cruciale. Y a-t'il une incompatibilité entre cette vision islamique du rapport homme/femme et la vision chrétienne, devenue occidentale?
Religion et culture s'influencent réciproquement, mais la culture n'est pas l'application d'une théologie. Identifier par exemple, sur l'égalité entre les hommes et les femmes, la vision chrétienne et la vision occidentale semble un peu rapide: qu'on trouve à l'extraordinaire bouleversement du statut de la femme en Occident depuis un siècle des racines théologiques chrétiennes est vraisemblable (l'égalité étant par exemple affirmée dès les lettres de Paul), mais de là à canoniser la libération sexuelle ou la contraception, qui font partie aujourd'hui du modèle occidental, il y a un grand pas! La théologie influence la société, mais elle s'adapte aussi à elle. Ainsi, quand on se demande par exemple si le voile islamique est vraiment une prescription du Coran, la réponse est non ; non parce que le Coran serait plus libéral, mais au contraire parce qu'apparemment, il vient d'un monde où les femmes ne doivent même pas sortir de chez elles. Le voile est donc une adaptation bien plus tardive, un moyen pour les femmes de sortir, de participer à la vie publique, tout en restant symboliquement à distance. On peut juger cette évolution insuffisante ou dérisoire, mais non pas la nier: l'islam ne présente pas un modèle éternel que l'histoire n'influencerait pas. Et surtout, ces questions demandent de faire la part des traditions culturelles, très diverses d'un pays musulman à un autre, de l'héritage familial, des pressions
Il y a urgence à replacer le débat à ce niveau: celui de la discussion rationnelle. On ne résoudra pas la crise que traverse l'islam sunnite à la place des musulmans, ni en leur dictant ce qu'ils doivent croire.
contradictoires, des hormones… La théologie n'est pas tout!
«L'urgence est à la théologie, une théologie capable de proposer un islam apaisé avec sa tradition comme avec les questions du temps présent ; un islam dont il n'est pas possible, à l'avance, de décrire les contours.», écrivez-vous pourtant. Pourquoi la théologie vous semble-t-elle importante dans le cadre d'une réforme de l'islam? Est-ce à dire que le clergé musulman a un rôle primordial dans l'apaisement de l'islam?
La théologie n'explique pas tout, mais nous avons tous — musulmans, chrétiens, agnostiques, athées — un besoin urgent de théologie. Pas de catéchisme, mais de théologie, cette appréhension rationnelle et académique des contenus de la foi, que la France a exclue de l'Université à la fin du XIXe siècle. Cette exception française explique en partie notre désarroi, croyants ou non croyants, devant les phénomènes religieux, que nous ne sommes pas armés pour comprendre ; plus dramatiquement, cela rend aussi les jeunes plus manipulables par des discours religieux aberrants. Une religion n'est pas seulement un folklore et des traditions. Si l'on s'en tient là, la religion n'est plus qu'une question d'identité, et toute discussion devient impossible: au mieux, on se tolère, et au pire on se combat. Une religion, ce sont aussi des convictions, des opinions, des idées. Il n'y a pas seulement un fait religieux, mais également une pensée religieuse, des pensées religieuses. Il y a urgence à replacer le débat à ce niveau: celui de la discussion rationnelle. On ne résoudra pas la crise que traverse l'islam sunnite à la place des musulmans, ni en leur dictant ce qu'ils doivent croire. Mais on peut les aider en plaçant le débat au bon niveau, plutôt que par des polémiques estivales dérisoires.