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Ali Merad : le Califat et l'islamisme



L'on entend souvent critiquer "l'amalgame islam-islamisme".


Le mot "islamisme" a longtemps été simplement un synonyme d'islam, une construction similaire aux autres noms de religions : "christianisme", "hindouisme" etc ...


Puis certains, en Egypte, puis ailleurs, ont affirmé que l"'islamisme" serait une doctrine distincte et une déviance "intégriste" ou "politique" de l'"islam".


Le nominalisme spontané de l'esprit humain tend à lui faire croire que si un mot existe, alors il existe une réalité correspondante dans le monde réel.


En l'occurence, l'injonction qui nous est souvent faite de distinguer islamisme et islam, fait présumer acquise l'existence de deux corps de doctrines, de deux idéologies ou théologies bien identifiables et distinguables, dont l'une serait l'islam et l'autre l'islamisme.

Alors que ceux qui emploient cette distinction ne nous apportent nullement les bibliographies censées correspondre à ces "deux" théories.


Le professeur Ali Mérad remet simplement les choses en place, apparemment sans le vouloir précisément.


Dans son ouvrage " Le califat, une autorité pour l'islam ?" il parle de "l'essence de l'islamisme" en précisant en note " le terme islamisme s'entend ici au sens de "religion de Mahomet" - Dictionnaire de la langue française d'Emile Littré".


Ali Mérad parle dans cet ouvrage de "l'intérêt grandissant porté au projet califal", qui témoigne selon lui "de la nouvelle prise de conscience qui se manifeste à travers les pays d'islalma, en même temps que de "l'omniprésence de l'unité islamique dans les discours politico-religieux" de ces pays, et de la "thématique du réveil et de la résurgence islamique (sahwa), comme d'un "leitmotiv révélateur d'une puissante vague de fond identitaire".


Ali Mérad est professeur émérite à l'université de Paris III- Sorbonne nouvelle et auteur de nombreux ouvrages sur l'islam.




Présentation de l'éditeur :

"Les discours islamiques contemporains exaltent l'éthique de l'unité, à la fois comme valeur inhérente au message coranique et comme nécessité pour la renaissance du monde musulman. Dans ce dessein, les uns militent pour le retour au modèle original du califat, lorsque ce concept était synonyme de grandeur et de rayonnement dans les domaines de la culture et de la civilisation. Pour d'autres, le réalisme politique inciterait à privilégier un califat à vocation purement spirituelle, à l'instar de la papauté catholique romaine. A l'opposé, les thèses modernistes visent à refonder l'unité islamique sur un modèle compatible avec le primat des Etats-Nations, notamment sous la forme d'une SDN du monde musulman. Une telle autorité morale pourrait jouer un rôle important de régulation, tant pour l'interprétation des textes fondateurs de l'islam que pour incarner la légitimité islamique, aussi bien au regard des peuples musulmans qu'au niveau de la communauté internationale. "